Nausicaá soutient les actions de l’association Megaptera qui étudie les requins-baleines. Ludwig Coulier, soigneur à Nausicaa rejoint l’association pour une troisième Mission requin-baleine. Du 4 au 10 janvier, il plongera avec masque et tuba pour tâcher d’identifier des requins-baleines et de poser des balises qui permettront de suivre pendant 300 jours les déplacements des requins.
Suivons la Mission requin-baleine avec le journal de bord de Ludwig !
Vendredi 3 janvier 2020
Sur le départ, à Paris, rendez-vous à l’aéroport de Djibouti !
Samedi 4 janvier 2020
Nous avons retrouvé Nicolas, notre chef d’expédition, à l’aéroport et nous voici arrivés à Djibouti !
Dès le départ, nous nous sommes renseignés sur la présence des requins à Djibouti, les précédents jours.
Il semblerait que de fortes pluies puissent expliquer le peu d’observation de ces derniers jours.
C’est parti pour une nouvelle expédition avec Megaptera et son partenaire TERIA sur des requins-baleines. Pourquoi Djibouti ? Et bien parce que les requins-baleines se retrouvent dans le golfe de Tadjourah dès le mois de novembre pour se nourrir de l’abondance du plancton à cet endroit.
La situation des requins dans le monde est inquiétante, 100 millions de requins meurent chaque année principalement à cause des humains. L’association Megaptera se consacre à l’étude des requins-baleines pour connaître leur reproduction, leur alimentation et leurs déplacements. L’objectif premier de l’expédition est donc de repérer les requins, de les dénombrer et de les identifier de zone en zone et de les mesurer – l’absence de requins est également une information importante car elle peut témoigner d’un changement des comportements, des migrations ou d’une baisse de nourriture. La pose de balise s’ajoute à ces missions et constitue un apport supplémentaire de données qui permettent une connaissance accrue de ces animaux.
Croisons les doigts pour rencontrer rapidement les requins-baleines !
Cet après-midi nous sommes arrivés à Ras Eiro. Nous avons préparé les balises pour demain. Nous les avons installées sur le pont du bateau pour tester la connexion avec les satellites.
Dimanche 5 janvier 2020
La première journée en mer se termine. Nous sommes sortis ce matin et cette après midi pour essayer d’apercevoir les requins-baleines. Pour le moment, aucun requin n’a pu être observé.
Ce soir nous nous sommes connectés sur le site Argos : les balises fonctionnent bien.
Sur le bateau, j’ai rejoint les membres de l’association qui comme moi participent à cette expédition. À quoi sert cette expédition annuelle ? À accumuler les données pour étudier les comportements, habitudes et déplacements du requin-baleine. La balise transmet les données de localisation du requin par satellite lorsque celui-ci remonte à environ un mètre de la surface.
La balise fonctionne pendant 300 jours ; lorsqu’elle se détache du requin les données concernant la température de l’eau sont récupérées.
Le saviez-vous ? La température de l’eau est un bon indicateur de la profondeur de l’eau à laquelle a pu descendre le requin. Si les températures enregistrées se situent entre 29 et 25°C, cela signifie que le requin se trouve entre 0 et 40 m de profondeur.
Lundi 6 janvier 2020
Impressionnant de nager à côté d’un requin-baleine, très impressionnant ! Sa taille varie entre 5 et 12 mètres, c’est le plus grand des poissons osseux et cartilagineux. Et malgré sa grande taille, il s’agit bien d’un poisson et non pas d’un cétacé. Le terme baleine de son nom ne fait référence qu’à la taille de cet animal.
Impressionnant mais inoffensif, le requin-baleine se nourrit de plancton. Il peut filtrer jusqu’à 6 000 litres d’eau par heure et avaler plus d’une tonne de nourriture par jour. On comprend mieux pourquoi les requins-baleines se retrouvent à Djibouti à cette période de l’année : le plancton y abonde.
Mardi 7 janvier 2020
Après deux jours de recherche dans le golfe de Goubet où selon nos informations les requins ont été aperçus dernièrement, nous avons eu la chance de faire 11 rencontres avec des requins-baleines.
La réussite était au rendez-vous puisque j’ai pu poser deux balises ! Nous attendons demain pour observer, sur l’ordinateur, les premiers déplacements suivis. La balise financée par Delanchy a été posée sur un mâle de 4 mètres (cela reste petit pour un requin baleine).
Pour pouvoir placer une balise sur le requin-baleine, nous plongeons avec masque et tuba dans les premiers mètres sous la surface pour les approcher sans les déranger. La balise est placée précisément au-dessus de la nageoire dorsale, endroit propice pour la protéger aussi des éléments extérieurs comme les algues ou les déchets. Tout cela se déroule dans le plus grand respect de l’individu.
Mercredi 8 janvier 2020
- © h-al-qallaf-megaptera
Mission photo-identification : pendant cette semaine d’expédition, nous profitons aussi des plongées pour photographier les requins-baleines afin de les identifier. Comment ? il suffit de photographier une zone précise, placée juste au-dessus de la pectorale gauche à l’arrière des branchies. Cette zone au dessin unique avec les points répartis sur sa peau signe l’empreinte digitale du requin.
Nous avons quitté le golfe de Goubet cet après-midi. Mais nous avions prévu une dernière matinée de recherche en espérant encore quelques rencontres.
Résultat de cette matinée : 6 rencontres avec 4 requins différents et les deux dernières balises posées !!
Jeudi 9 janvier 2020
Le requin-baleine est décidément un animal fascinant, il peut plonger jusqu’à une profondeur de 1 000 m de profondeur. Les mâles accomplissent de grandes migrations alors que les femelles migrent sur de courtes distances et reviennent sur leur lieu de naissance. Les données collectées par les balises pourront nous en apprendre plus sur les déplacements des requins.
Nous avons traversé aujourd’hui le golfe de Tadjoura vers le Nord pour poursuivre la photo-identification mais aucun requin-baleine n’a été aperçu.
Vendredi 10 janvier 2020
Dernier jour de la mission !
L’heure du premier bilan de l’expédition. Nous avons donc fait 17 rencontres avec des requins-baleines au cours de nos plongées. La photo-identification n’est pas encore terminée mais il semblerait que nous ayons rencontré 8 individus différents au cours de ces rencontres.
Nous avons réussi à poser les 4 balises que nous avions emportées. Rendez-vous dans 300 jours pour récupérer l’intégralité des données.
Dimanche 19 janvier 2020
Michel Vély, président de Megaptera a publié sur son groupe Facebook Megaptera Suivez les baleines un suivi des requins-baleines sur lesquels ont été posées les 4 balises lors de la Mission requin-baleine 2020.
Voici son compte-rendu :
- Trois des 4 balises déployées sur des requins baleines au fond du Goubet ont émis et envoyé des données.
- Teria 20 (196477 déployée le 6 janvier 2020) et Nicolas 20 (196476 déployée le 8 janvier) circulent toujours au fond du Goubet et communiquent régulièrement.
- Par contre Delanchy (196474 déployée le 7 janvier) qui n’avait pas émis depuis son déploiement le 8 janvier dans le fond du Goubet vient de nous parler sur la cote du Somaliland
[Teria 20, Nicolas 20, Daniel 20 et Delanchy sont les noms donnés à chaque balise et indirectement au requin qui la porte]
- Ce lieu correspond vraisemblablement à un site d’agrégation et d’alimentation en surface de ces requins baleines immatures comme nous l’avons identifié dans les missions SHARKY DJ précédentes.
- Delanchy a parcouru toute cette distance sous l’eau sans doute à une profondeur moyenne de 40 m comme nous l’ont montré les missions précédentes qui utilisaient des balises MK10 et enregistraient les pressions donc les profondeurs des mouvements des requins baleines.
- Daniel 20 (196475) déployée le 8 janvier ne nous a pas encore parlé mais nous sommes confiants car les requins baleines peuvent faire de longue distance sous l’eau.
Jeudi 6 février 2020
Michel Vély continue de donner des nouvelles du suivi satellitaire des requins-baleines.
Voilà un mois que 4 requins baleines ont été équipés de balises spot 6. Teria 20 et Nicolas 20 sont dans le Goubbet (rond avec le chiffre 2 sur la carte 2), Delanchy (74) se complaît au large du Somaliland dans la région de Berbera. Il semble que cette zone héberge comme nous l’avons identifié les années précédentes une agrégation saisonnière de requins baleines associée à celle de Djibouti.
Sans doute que d’une manière identique à ce qui se passe à Djibouti et dans de nombreux spots au monde (Seychelles, Mozambique, Madagascar, Belize, Nigaloo Reef etc.) les requins baleines viennent en surface se nourrir pendant une période. Daniel 20 a émis au nord de la frontière Erythrée / Djibouti. Il est au sud de la mer Rouge mais n’a donné qu’une position pour le moment.
Avril 2020
L’association Megaptera-Teria nous donne des nouvelles des requins porteurs de balises depuis janvier.
Daniel 20 qui se trouve à l’entrée du Golfe de Tadjoura a bougé depuis le 14 avril après 2 mois de silence. Il a donné une nouvelle position le 24 avril. (photo 1 : 15 février, photo 2 : 20 avril, photo 3 : 24 avril). A priori la balise est toujours sur le requin baleine et cette zone semble lui plaire.
La position des autres animaux n’a pas évolué depuis un mois. Photo : position de sharky-dj.
Mardi 26 mai 2020
L’association Megaptera fait le point sur la localisation des requins-baleines qui sont équipés d’une balise depuis la mission du mois de janvier 2020. Les cartes montrent la position des requins au 26 mai :
- Le requin Daniel 20 (196475) a émis le 26 mai, Teria 20 (196477) le 25 mai. Les deux autres ont émis le 23 février 2020 pour le requin Delanchy ;le requin Nicolas 20 (196476) a émis pour la dernière fois le 25 mars 2020. Les balises n’émettent que quand elles sont en surface, il est vraisemblable que ces requins soient encore sous l’eau. Teria 20 a émis par exemple le 13 mars et ensuite le 25 mai, soit après 77 jours passés sous l’eau.
- Daniel 20 émet à proximité du Banc Arabe situé à 35 nm de Djibouti dans le Golfe d’Aden. Il est en surface régulièrement depuis le 14 avril, ce qui permet d’identifier cette zone comme une zone d’agrégation et d’alimentation potentielle.
- Teria 20 a donc rejoint l’océan Indien et se situe dans les eaux peu profondes de Socotra, une île yeménite au large de la corne de l’Afrique.
- Nous sommes à environ la moitié de la période d’émission programmée pour les balises qui est de 300 jours.
Mercredi 3 juin 2020
Des nouvelles du requin-baleine Delanchy (196474) !
Il a bougé le 3 juin et a émis depuis le sud de la mer Rouge. C’est une excellente nouvelle.
Il a donc quitté la zone du sud Yemen à l’entrée du Golfe d’Aden où nous l’avions repéré pour la dernière fois le 25 mars pour la dernière fois. La balise ne peut transmettre les informations que lorsque le requin nage près de la surface de l’eau. Entre le 25 mars et le 3 juin, le requin Delanchy est resté sous l’eau et donc la balise n’a pu communiquer les informations de localisation.
Août
Il semblerait que la balise « Teria20 » se soit décrochée au large de Socotra, dans l’Océan Indien. On peut supposer que le requin baleine entamait une traversée vers les Maldives.
Parallèlement, « Daniel 20 » a pendant longtemps émis au large de Djibouti jusqu’au 5 juin 2020, et « Nicolas 20 » le long de la côte du Somaliland dans ce qui semble être une agrégation de requins baleines mais n’a pas émis depuis le 23 février 2020. Il se pourrait que même si ces deux balises sont attachées sur le requin, elles ne soient plus en capacité d’émettre.
Les équipes ont bon espoir concernant la balise de « Delanchy » qui a dernièrement émis dans la mer Rouge au large de l’Erythrée le 2 août.
Grâce à leurs branchies, les requins baleines utilisent l’oxygène de l’eau et peuvent rester des mois sous l’eau sans remonter en surface ! En effet, ces spécimens peuvent plonger jusqu’à 1000 mètres de profondeur, et remontent en surface non pour respirer mais pour se nourrir sur des zones riches en plancton, ne permettant pas aux balises d’émettre continuellement.
Crédit photos : Nausicaa, H-Al Qallaf-Megaptera, Megaptera-Teria