Moratoire, pause de précaution ou interdiction d’exploitation ?

Quel sera l’avenir des abysses ? L’exploitation des grands fonds marins en discussion au sein de l’Autorité internationale des fonds marins.

IFREMER (2007). Morceaux de sulfures du site hydrothermal Logatchev. Ifremer. https://image.ifremer.fr/data/00556/66816/

Exploiter les ressources minières des grands fonds marins ou interdire l’exploitation des nodules polymétalliques ? Explorer les abysses et mieux connaitre ces écosystèmes mystérieux ? Sur ces questions, les États se positionnent et s’opposent et les scientifiques alertent sur les conséquences d’une exploitation de ces ressources. 

De nouvelles discussions sont en cours cette année au sein de l’Autorité des fonds marins pour décider de l’autorisation ou non de l’exploitation des ressources minières. 

Tâchons d’en savoir un peu plus sur ce qui se profile pour l’avenir des grands fonds.

Pourquoi un moratoire sur les grands fonds ?

On connait plus la surface de la Lune que la surface des grands fonds dont seuls 5 % ont été cartographiés. 

Le moratoire est donc envisagé par certains pays pour se laisser le temps d'approfondir les connaissances sur les abysses et d’estimer les conséquences d’une exploitation minière sur les écosystèmes et le climat.

En effet les scientifiques avancent qu’en l’état des connaissances, une exploitation minière des abysses auraient des conséquences à la fois sur ces écosystèmes vulnérables qu’on continue de découvrir chaque jour mais aussi sur le climat. Car l’action des machines creusant le sol pour récupérer les précieux minerais provoqueraient la libération du carbone séquestré dans les sédiments. 

D’ailleurs une excavation test réalisée au Japon en 2020 d’un mont sous-marin riche en cobalt a provoqué une baisse de 43 % de la densité d’animaux comme des poissons, crevettes, crabes ou cténaires sur la zone qui avait été explorée et affectée par les déplacements des sédiments lors de l’activité des machines et de 53 % sur une zone adjacente. 

Même l’exploitation à petite échelle pourrait avoir des conséquences plus larges.

Quelle est la position de la France ?

Le président Macron s’est positionné lors de la COP 27 en 2022 et Égypte pour une interdiction de l’exploitation des fonds marins. Cette prise de position a été confirmé par l’Assemblée nationale le 17 janvier 2023 ; les députés ont voté un texte demandant que la France s’engage sur la scène internationale en faveur d’un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins et l’interdiction de l’exploitation minière des fonds marins dans les eaux relevant de sa juridiction.

La France a un rôle important à jouer car elle possède un domaine maritime de près de 10 millions de km² dont 93 % du plancher océanique est situé sous les 1 000 mètres de profondeur. 

Quelle est la position des autres pays ?

En mars 2024, 25 pays se sont positionnés en faveur d’un moratoire ou d’une pause de précaution vis-à-vis de l’exploitation minière des grands fonds. Des représentants du monde de la pêche s’opposent aussi à cette exploitation minière qui, par le déplacement de sédiments lors de l’extraction des minerais provoqueraient de graves perturbations sur la faune, jusque dans les eaux de surface, notamment sur le thon tropical. 

Face à ces pays, d’autres États comme Nauru, la Chine, la Norvège ou encore le Mexique font pression pour que soit possible l’exploitation de ces minerais. 

L’argument avancé est celui de la transition énergétique et son besoin de minerais comme le nickel ou le cobalt pour produire des batteries électriques pour les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques. Ceux qui rejettent ce positionnement estiment que les batteries nouvelles générations n’auront plus besoin de ces minerais.

De nouvelles discussions ont eu lieu en mars et se dérouleront ensuite en juillet 2024 au sein de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) qui gère la « Zone », sur la délivrance ou non de permis d’exploitation minière et l’adoption d’un code minier.

 

 

Image : IFREMER (2007). Morceaux de sulfures du site hydrothermal Logatchev. Ifremer. https://image.ifremer.fr/data/00556/66816/

Mobilisons-nous pour protéger les grands fonds marins !

Nausicaá soutient la position de la France contre l’exploitation minière des grands fonds marins et utilisera tous ses moyens pour sensibiliser et mobiliser le plus grand nombre à la réalisation d’un moratoire.

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