Explorer les abysses : la nouvelle aventure du fond des mers

Depuis la première campagne du navire britannique HSM Challenger en 1872, les hommes n’ont cessé de vouloir découvrir ce qui se cache sous la surface de l’océan et dans les grandes profondeurs. 

Assouvir cette soif de découverte est une tâche colossale et en 2024 seuls 5 % des grands fonds ont été explorés et 25 % cartographiés avec une résolution de l’ordre du kilomètre.

Si chaque campagne d’exploration rapporte la présence d’espèces inconnues, d’une biodiversité riche et de ressources minières, une connaissance accrue de ces écosystèmes vulnérables est nécessaire pour mieux protéger et préserver ces milieux qui n’ont pas encore révélé tous leurs secrets. 

Si l’on veut découvrir ce qui se cache au-delà des 1 000 mètres de profondeur, il faut plonger !

Mais ce n’est pas si simple ! En effet, l’obscurité et la pression rendent difficile l’exploration des abysses. Et si les espèces vivant dans les grandes profondeurs se sont adaptées à ce milieu particulier, l’être humain doit trouver un véhicule capable notamment de supporter la pression écrasante des abysses. 

Aussi depuis la première plongée dans la fosse des Mariannes en 1960, seulement une petite trentaine de personnes ont pu atteindre le point le plus profond de la planète.

Les sous-marins destinés à l’exploration scientifique profonde sont peu nombreux dans le monde. Celui de l’Ifremer, le Nautile a été conçu pour emmener 3 personnes jusqu’à 6 000 mètres pendant 8 heures au cours desquelles elles peuvent procéder à des mesures, des observations ou des prélèvements d’échantillons mais aussi des réparations sur les câbles sous-marins ou encore intervenir sur des épaves. C’est le Nautile qui a participé à localiser en 1985 lors d’une expédition franco-américaine l’épave du Titanic à 3 821 mètres de profondeur dans l’Atlantique.

Le sous-marin américain Alvin a quant à lui découvert les cheminées hydrothermales et la biodiversité foisonnante autour de celles-ci en 1977.

D’autres véhicules ont été imaginés par les ingénieurs de l’Ifremer pour explorer les abysses. 

Ils sont moins onéreux et moins difficiles à opérer que les sous-marins. Il s’agit de Victor 6 000 ou Ariane, des ROV ou robots téléopérés depuis la surface qui peuvent rester sous l’eau plus longtemps ou encore des AUV - Autonomous Unverwater Vehicles, des drones sous-marins qui peuvent « voler » sous l’eau et cartographier les reliefs des fonds marins de façon 10 à 100 fois plus précise que les sondeurs installés sur les navires.

En une plongée, les drones peuvent parcourir une surface de 20 km² et ainsi repérer et évaluer les ressources minérales ou les écosystèmes autour des sources hydrothermales. 

Le robot sous-marin Ulyx, petit dernier à avoir rejoint la flotte d’Ifremer peut descendre jusqu’à 6 000 mètres. 

Ce robot peut, rapporte Ifremer « remonter une multitude de données en une seule plongée : il cartographie des reliefs complexes, prend des images près du fond et mesure des paramètres physiques et chimiques tel que l’oxygène dissous. À l’avenir, il interviendra le plus souvent en amont du sous-marin Nautile ou du robot téléopéré Victor 6000 pour repérer les zones d’intérêt et mieux cibler les futures interventions. » 

Les progrès de la technologie accompagnent les découvertes scientifiques. 

La possibilité de remonter des échantillons vivants d’organismes des profondeurs grâce à des contenants sous pression ou la capacité des robots de remonter des prélèvements géologiques ou biologiques sont autant d’étapes positives dans la connaissance des grands fonds.