Exploitation des grands fonds marins : quels impacts sur l’environnement ?
Les richesses des abysses attirent les convoitises, mais à quel prix pour les écosystèmes ?
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Mise à jour le 18 juillet 2024
Les grands fonds marins font l’actualité car la richesse en minerais de leurs sols et de leurs sous-sols attise les convoitises. En effet, les industries notamment liées à la transition énergétique recherchent des sources nouvelles de minéraux.
Qu'est-ce que le minage en eaux profondes ?
Pour obtenir ces ressources la technique employée est celle du minage en eaux profondes qui consiste à aller chercher à plusieurs milliers de mètres sous la surface de l’océan des minerais comme le cuivre, nickel, cobalt ou manganèse, employés pour certains dans la production de batteries, éoliennes et panneaux photovoltaïques.
Mais la science alerte sur les risques d’une telle activité qui pourrait affecter la biodiversité et compromettre le rôle essentiel que joue l’océan dans la régulation du climat.
Cet espace qu’on appelle la « Zone » a été déclaré patrimoine de l’humanité par les Nations-unies et géré par l’Autorité internationale des fonds marins, l’AIFM. Des discussions entre États sont actuellement en cours sur l’établissement d’un code minier qui permettrait l’exploitation commerciale des grands fonds marins.
C’est pourquoi, actuellement, 27 pays se sont prononcés pour une pause de précaution ou un moratoire quand d’autres pays comme la Chine sont en faveur d’un octroi rapide de licences d’exploitation.
La France s’est posée en leader international dans la demande d’une interdiction de l’exploitation et souhaite rallier le plus de nations possibles à cette décision.
Voyons quelles seraient les impacts d’un minage en eaux profondes sur les écosystèmes particuliers et peu connus des abysses.
Quels seraient les impacts de cette exploitation minière sur les abysses ?
Panache d’extraction et rejet de particules
Les machines utilisées pour extraire les roches creusent et aspirent le sol. En action, elles dispersent des particules toxiques qui pourraient impacter les animaux qui vivent dans les zones d’extraction.
Pollution sonore et lumineuse
En arrivant dans des zones habituellement vides d’activités humaines, les navires d’exploitation minière créeraient des nuisances sonores dont les sons à très basse fréquence perturberaient la communication entre mammifères marins.
L’augmentation du trafic maritime dans ces zones accroitrait le bruit ambiant et à cela s’ajouterait la pollution lumineuse des navires dans des zones de l’océan où la lumière ne pénètre pas, perturbant ainsi la vie des animaux marins des abysses.
Perte de biodiversité
Les animaux des profondeurs ont une croissance plus lente et une maturité sexuelle plus tardive et même s’ils vivent plus longtemps, la perturbation occasionnée par la présence de ces machines d’extraction auraient des conséquences sur leur reproduction.
• Une extraction test menée en 2020 au Japon sur un mont sous-marin riche en cobalt situé à 900 mètres sous la surface de l’eau, au nord-ouest de l’océan Pacifique a montré qu’un an après cette opération la moitié des poissons et crustacés vivant sur cette zone et sur des zones adjacentes n’était pas revenue.
• Une étude parue en 2019 dans la revue Nature a révélé qu’une simulation d’opération minière sur un bassin sédimentaire opérée au large du Pérou en 1989 a eu des impacts encore tangibles sur la faune de cette zone plus de 30 ans après l’expérience.
• Les chercheurs de l’Ifremer ont participé en 2016 à une étude internationale qui a montré que les zones à nodules sont plus riches en biodiversité que les zones environnantes des abysses. Cette information serait donc à prendre en compte avant d’envisager toute exploitation minière.
• D’autres tests ont été menés par l’Ifremer sur une zone restreinte pour connaitre la distance de diffusion des sédiments soulevés lors de l’extraction des nodules et l’impact sur la biodiversité environnante.
Impact sur le climat
Les fonds marins absorbent 30 % du carbone émis dans l’atmosphère. Ce puits de carbone qu’est l’océan pourrait être lui aussi impacté par l’extraction minière dans les grands fonds. En effet, les activités d’extraction minière pourraient libérer le CO2 séquestré dans les sédiments et limiter la capacité de stockage du carbone.
Crédit photo : Ifremer
Mobilisons-nous pour protéger les grands fonds marins !
Nausicaá soutient la position de la France contre l’exploitation minière des grands fonds marins et utilisera tous ses moyens pour sensibiliser et mobiliser le plus grand nombre à la réalisation d’un moratoire.