Exploration ou exploitation des grands fonds marins : où en est-on ?
Faut-il exploiter les ressources minérales des grands fonds ?
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Mise à jour le 4 décembre 2024
Le sujet des grands fonds occupe de plus en plus les médias alors que se profilent des décisions imminentes sur la possibilité de l’exploitation des ressources minières des abysses nécessaires à la transition énergétique.
La France s’est positionnée pour une interdiction de l’exploitation des grands fonds, d’autres pays sont pour un moratoire quand certains aimeraient pouvoir exploiter les ressources minérales présentes à ces grandes profondeurs.
Aujourd’hui, faut-il exploiter les ressources minérales des grands fonds ?
Qui gère les grands fonds marins ?
L’Autorité internationale des fonds marins créée en 1994 sous l’égide des Nations unies a pour objectif d’organiser et de contrôler les activités liées aux ressources minérales des eaux profondes ; cela recouvre donc l’exploration et l’exploitation des grands fonds marins.
Car la zone des fonds marins appelée « la Zone » comme la haute mer sont toutes deux situées au-delà du plateau continental et des juridictions nationales. Ce sont des zones internationales qui n’appartiennent à personne et qui sont sous la responsabilité de tous.
La « zone » recouvre les ressources minérales (solides, liquides ou gazeuses) sur le plancher océanique ou dans le sous-sol et ces ressources ont le statut de « patrimoine commun de l'humanité » selon la Convention du Droit de la Mer.
L’article 137 de la Convention établit que la Zone ne peut être revendiquée par aucun État ni personne physique ou morale qui ne peuvent pas non plus s’approprier une quelconque partie de celle-ci ou de ses ressources.
Explore-t-on les grands fonds marins ?
Actuellement, seuls des droits d’exploration ont été délivrés, accordés à des États ou entreprises privées ou publiques parrainées par des États. Les zones explorées se situent dans la zone Clarion-Clipperton, l'océan Indien, la dorsale médio-atlantique et l'océan Pacifique.
En France deux licences d’exploration ont été accordées à Ifremer, la première pour la zone Clarion-Clipperton et la deuxième sur la dorsale médio-atlantique.
En octobre 2023, des scientifiques sont partis à bord du Pourquoi pas ? « pour une campagne sur 5 champs hydrothermaux répartis sur plus de 800 km le long de la dorsale médio-Atlantique, jusqu’à plus de 3700 mètres de profondeur afin de mieux comprendre la formation des écosystèmes des grands fonds marins et le cycle de vie des espèces qui les peuplent. »
A-t-on le droit d’exploiter les grands fonds marins ?
Aucun droit d’exploitation des grands fonds marins n’a été délivré dans la Zone mais certains pays comme la Chine, le Mexique, ou Nauru se positionnent pour une délivrance rapide de droit d’exploitation. Le parlement européen a voté une résolution en faveur d’un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes.
La Norvège qui projetait d’ouvrir à la prospection minière ses eaux territoriales arctiques en 2025, renonce pour le moment à cette initiative.
Cette décision politique arrive dans le cadre de négociations budgétaires au sein du gouvernement norvégien. Cette concession, accordée à la Gauche socialiste, minoritaire au sein du gouvernement, se traduit par une suspension qui s’appliquera en 2024 et 2025.
A l’annonce, en début d’année 2024, du choix de la Norvège de délivrer des permis de prospection dans ses eaux arctiques, de nombreuses protestations ont émané d’ONGs mais aussi du Parlement européen.
Cette annonce de suspension se produit alors qu’a débuté, il y a quelques jours, un procès contre l’État norvégien intenté par le WWF Norvège qui réclame une suspension de la prospection minière dans l'attente d'études d'impact.
La France quant à elle s’est positionnée contre l’exploitation des fonds marins mais ne renonce pas à leur exploration scientifique pour mieux connaitre ce milieu. En mars 2024, ce sont 25 pays qui se sont prononcés pour un moratoire ou une pause de précaution.
De nouvelles discussions se sont déroulées du 18 au 29 mars 2024 lors de la première partie de la 29e session annuelle de l’AIFM et ont repris en juillet 2024. Les négociations portent sur l’établissement d’un code minier et les précautions environnementales à mettre en place dans l’éventualité de l’autorisation d’exploitation.
Crédit photos : Ifremer
Mobilisons-nous pour protéger les grands fonds marins !
Nausicaá soutient la position de la France contre l’exploitation minière des grands fonds marins et utilisera tous ses moyens pour sensibiliser et mobiliser le plus grand nombre à la réalisation d’un moratoire.