Qu'est-ce qu'un récif corallien ?

À la découverte de l’écosystème corallien, ce jardin extraordinaire sous la mer.

Qui n’a jamais rêvé de partir sur une île tropicale et de se baigner dans un lagon pour s’émerveiller devant les poissons aux couleurs flamboyantes et observer de loin les requins de récif ? 

Au départ il y a un polype

Mais sait-on qu’à l’origine de ce paysage idyllique, il y a un petit animal, un polype qui patiemment se multiplie et construit son squelette calcaire pour former des colonies d’individus qui créeront un récif ? Ce petit animal, c’est le corail, bâtisseur de récifs coralliens.

Le récif corallien est donc une structure naturelle et dans le cas de la Grande Barrière de Corail d’Australie il est même visible depuis l’espace. 

Pas mal pour un petit polype ! 

Qui y vit ?

Une biodiversité exceptionnelle

Les récifs abritent une vie marine parmi les plus riches de la planète. En effet, les récifs coralliens qui ne représentent que 0,2 % de la surface océanique comptent 30 % de la biodiversité marine connue

Ils cumulent les records avec les 1 000 espèces de coraux, 25 000 espèces de mollusques et 8 000 espèces de poissons et autres vertébrés qui y sont recensées, et des dizaines de milliers d’autres animaux comme les crustacés, les étoiles de mer, les oursins et les vers marins sans oublier raies et requins.

demoiselle bleu-vert et corail Acropora
Demoiselle bleu-vert et corail Acropora

Comment se construit le récif ?

À la base, il y a une planula, une larve de corail qui, après une phase pélagique, se pose sur un substrat adapté pour se développer et former un polype. Pour générer son squelette calcaire, le corail a besoin de la zooxanthelle, une micro-algue qu’il abrite dans ses tissus. 

Cette relation symbiotique lui apporte les nutriments nécessaires à la formation de son squelette. La photosynthèse de l’algue produit des glucides et de l’oxygène, tandis que l’algue consomme le dioxyde de carbone produit par le corail.

Naissance d'un récif

Pour se développer, le corail se reproduit par bourgeonnement, c’est-à-dire par la formation d’une excroissance qui donnera naissance à un nouveau polype, clone génétique du premier. Petit à petit, le récif grandit, constitué de milliers, voire de millions d’individus. Le récif est donc formé de plusieurs colonies de polypes.

Une fois par an, une reproduction sexuée a lieu par le relâcher de gamètes mâles et femelles. Les planulas sont emportées par le courant et celles qui se fixeront sur le fond marin formeront un polype et ensuite un récif génétiquement distinct.

La formation et la croissance des récifs coralliens peuvent prendre des milliers, voire des millions d’années. La Grande Barrière de Corail se développe depuis 20 000 ans.

polype de corail
Polype de corail

De quoi est fait l’écosystème récifal ?

Le récif corallien et les espèces qui y vivent font partie d’un écosystème récifal qui se compose d’un récif frangeant, d’un lagon, du platier, d’un récif barrière, d’un tombant et de passes.

Voici un petit lexique pour connaître les différentes parties de cet environnement tropical.

Composition d'un récif

Récif frangeant

Le récif frangeant est situé le long de la côte, près de la plage. Cette zone du récif est proche de la surface de l’eau et est donc facilement accessible aux nageurs équipés de masques et palmes. Elle est une protection naturelle contre l’érosion des côtes en absorbant la force des vagues.

Récif barrière

Situé plus loin de la côte, le récif barrière se situe entre la pleine mer et le lagon qu’il protège de la force des vagues.

Récif tombant

Il se trouve le long d’un récif plongeant ou barrière et présente une descente rapide et verticale sur l’extérieur du récif.

Platier

Le platier est la partie généralement plate et peu profonde du récif barrière, qui est exposée à marée basse et recouverte à marée haute. Le platier comprend des coraux, habitats d’une importante population de poissons et d’invertébrés mais aussi zone de reproduction et de croissance pour certaines espèces marines.

Lagon, atoll et passe

Lagon

Le lagon est une étendue d'eau entre le récif barrière et la côte. Peu profond, le lagon est un lieu de vie pour une riche biodiversité : coraux, poissons, herbiers marins, et parfois des mangroves. 

Comme le platier, il est une zone de reproduction et de croissance pour des espèces marines mais aussi une zone de pêche et de tourisme.

Atoll

Un atoll est un anneau de formation corallienne qui se développe autour des îles.       

Passe

La passe est une ouverture dans le récif corallien créant un passage entre le lagon et l’océan. Cette ouverture permet la circulation des poissons, des animaux, du zooplancton entre les deux zones et également l’apport de nutriments et de sédiments. Ces mouvements maintiennent aussi la qualité de l’eau du lagon.

Où les trouve-t-on ? 

Les récifs coralliens se trouvent principalement dans les régions tropicales et subtropicales des océans, de l’océan Indien au Pacifique Sud en passant par la mer Rouge et la mer des Caraïbes.

La Grande Barrière de Corail est le plus grand récif corallien du monde. Elle se situe au large de la côte nord-est de l'Australie et s’étend sur environ 344 400 km² et 2 300 km de long

La France est le seul pays à posséder des récifs coralliens dans les trois océans de la planète. Le récif corallien de la Nouvelle-Calédonie est le deuxième plus grand récif de la planète. Ces récifs représentent 10 % des récifs coralliens mondiaux. 

Mais on trouve aussi des coraux dans les grandes profondeurs et dans les eaux froides. 

Pourquoi les écosystèmes coralliens sont-ils importants ?

Un lieu de vie pour la biodiversité

Les récifs coralliens abritent une diversité biologique très riche et constituent pour les espèces qui y vivent un environnement indispensable à leur développement : il est un lieu de vie mais aussi de reproduction et de nurseries. Des espèces du grand large y grandissent avant de rejoindre la pleine mer.

Des services écosystémiques de grande valeur

Le récif corallien présente aussi de nombreux atouts pour les populations qui vivent sur ces territoires. On parle de services écosystémiques.

L’Ifrecor - Initiative française pour les récifs coralliens a estimé en 2016 que les services rendus par les écosystèmes coralliens se montaient à 1,3 milliard d’euros pour 9 collectivités françaises d’outremer. 

À l’échelle globale, les récifs fourniraient plus de 375 milliards de dollars de biens et services, par la pêche qui représente 9 à 12 % des pêcheries mondiales, la protection des côtes, mais aussi la culture, le tourisme, les loisirs et la production de molécules d’intérêt pharmaceutique. Plus de 500 millions de personnes dépendent des récifs coralliens pour leur survie.

 

Les services rendus

  • Le récif corallien est une barrière naturelle contre les vagues. 70 à 90 % de la force des vagues est absorbée par les barrières récifales.
  • Les coraux constructeurs de récifs deviennent puits de carbone quand ils se développent en emprisonnant du carbone dans leurs squelettes calcaires.
  • Par la richesse des espèces marines qui y vivent, l’écosystème corallien représente une ressource alimentaire et économique indispensable aux populations locales.
  • Enfin, l’attraction que provoquent ces paysages tropicaux est source de revenus pour les hommes et femmes qui tirent bénéfice du développement du tourisme et des loisirs.

Écosystème corallien et changement climatique

Le changement climatique a de lourdes conséquences sur l’avenir des récifs coralliens. 

  • La hausse de la température de l’eau de surface provoque des épisodes de blanchissement du corail. Le stress le fait expulser les zooxanthelles et en les rejetant, le corail perd ses couleurs, il blanchit, s’affaiblit et peut même mourir.
  • La hausse du niveau de la mer a également un impact sur les récifs coralliens. Leur rôle de barrière naturelle serait moins efficace contre la force des vagues et les phénomènes de tempêtes, accentués par le changement climatique.
  • L’acidification de l’océan agit sur la croissance du corail. L’absorption du CO2 modifie la composition chimique de l’océan, rendant plus difficile la calcification du squelette du corail.

D’autres menaces pèsent sur le récif

Les coraux des Caraïbes souffrent de la diminution des populations d’oursins et de poissons herbivores, cibles principales des pêcheurs. Moins de brouteurs d’algues permettent aux algues de gagner du terrain, recouvrant le corail et bloquant la lumière dont les zooxanthelles ont besoin pour la photosynthèse. La diminution du nombre des grands prédateurs a encouragé l’augmentation de ces populations.

D’autres facteurs impactent également la santé des récifs coralliens : la pollution, l’urbanisation, le tourisme de masse, ainsi que la surpêche et la surexploitation des ressources. Les maladies coralliennes et la prolifération d’espèces corallivores comme l’étoile de mer Acanthaster pourpre (Acanthaster planci) ajoutent également à ces menaces.

Quelles solutions pour préserver les récifs coralliens ?

La situation des récifs coralliens est donc critique. Le rapport spécial sur l’océan et la cryosphère de 2019 publié par les experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) estimait que 70 % à 90 % du corail pourraient disparaître avec une augmentation des températures de 1,5°C d’ici 2050. 

Ce pourcentage passerait à 99 % dans le cas d’une augmentation de température de 2°C.

Des actions positives pour le corail

  • Des associations mènent des actions de terrain et restaurent les récifs coralliens en pratiquant le bouturage sur des récifs artificiels qui se développent et attirent à nouveau une vie marine. Ces associations travaillent également à la sensibilisation des populations locales.
  • Des chercheurs étudient la réaction des coraux face au stress thermique et distinguent certaines espèces capables de résilience.
  • Jérémy Gobé, artiste plasticien s’est intéressé au corail et a développé un projet de restauration du corail en alliant art, science et industrie. Son projet Corail résilience se dirige vers une phase de test en milieu naturel, en Colombie en installant des structures modulaires prêtes à accueillir des boutures de corail.
  • Le Conservatoire Mondial du Corail s’est donné pour mission de devenir une banque du vivant qui conserve le patrimoine génétique d’espèces de corail. Des aquariums publics dont Nausicaá accueillent dans leurs établissements des échantillons de coraux qu’ils vont faire grandir et bouturer afin de préserver des espèces menacées dans le milieu naturel.  

 

Crédit photos : Dominique Mallevoy, Coco Tamlyn - Coral Guardian, iStock, Digital Vision

Restauration de récifs par Coral guardian

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