Découvrez l’incroyable entraînement médical de la murène

Saviez-vous qu’il est possible d’apprendre aux poissons des gestes et des comportements qui améliorent leur bien-être quotidien ?  

À Nausicaá, les aquariologistes mettent en place des protocoles qui répondent aux besoins physiologiques des animaux marins. Ces routines facilitent la distribution de nourriture et permettent l’acquisition de nouveaux comportements.  

Elles participent également à leur enrichissement et familiarisent progressivement les animaux à des gestes médicaux. Ce sont des apprentissages qui contribuent à assurer des conditions de vie optimales pour les animaux du centre. 

Si le résultat de l’entraînement médical des lions de mer est régulièrement présenté et expliqué aux visiteurs de Nausicaá, il est plus difficile d’imaginer la réactivité d’un poisson lors de son entraînement. 

Pour le comprendre, nous avons rencontré Louise, soigneuse du secteur tempéré. Dès son arrivée à Nausicaá il y a 4 ans, elle a mis en place un entraînement avec les murènes communes Muraena helena.

Louise a poursuivi son entraînement par l’introduction d'une enceinte dans laquelle entre la murène. Celle-ci apprécie le confort et la sécurité que lui apporte le confinement. « L’isolement qu’elle permet a un effet calmant qui facilite la manipulation. » nous raconte Louise. 

En effet, la soigneuse profite de la disponibilité de la murène dans le compartiment pour vérifier son état de santé mais aussi pour l’habituer à être touchée par des objets qui simulent sonde ou seringue.  

Sasha, la vétérinaire de Nausicaá suit cet entraînement de près : « On pourra intervenir sur l’animal et pratiquer des échographies sans stress ni risque anesthésique. » nous confie-t-elle. C’est d’autant plus intéressant qu’il existe peu de bibliographies sur cette espèce et que toutes les analyses issues des échographies seront précieuses pour comprendre et soigner ces poissons. 

Les murènes ne sont pas les seules espèces que Louise entraîne. Dans le bassin californien, le labre californien ou tête de mouton s’habitue à obtenir sa nourriture en s’approchant d’une cible ; les requins-léopards qui ont tendance à vivre dans le fond du bassin sont eux entraînés à venir chercher leur ration alimentaire en montant à la surface de l’aquarium. La jeune soigneuse travaille également, dans les réserves à l’entrainement des anguilles-loups. 

Si on ajoute les différentes espèces de raies du grand bassin, les requins, les lions de mer et d’autres espèces encore, ce sont actuellement 22 espèces qui bénéficient depuis plusieurs années d’un entraînement comportemental.  

Ces entrainements bénéficient de l’accompagnement d’un vétérinaire spécialisé en comportement animal dans la conception, l’évaluation et l’évolution des entraînements. Ce vétérinaire belge se présente comme « entraîneur d’entraîneurs » et apporte conseils, solutions et astuces pour faire progresser les entraînements sur la base de principes d’éthologie appliquée et de rigueur scientifique. 

« Le training est ici une méthode douce de contention psychologique basée sur la récompense et non pas sur la punition, nous dit-il. La nourriture est une motivation qui permet l’interaction avec le soigneur et l’enrichissement comportemental. » 

Il complète : « L’avantage d’un entraînement c’est de permettre d’approcher les animaux de plus près. Il y a un objectif de soin et aussi potentiellement un objectif pédagogique vis-à-vis des visiteurs. »  

En effet, le training est un formidable outil de médiation : il permet une nouvelle approche et compréhension du vivant en observant les interactions entre soigneur·se·s et animaux. 

À Nausicaá, cette approche douce et progressive s’inscrit dans la volonté de sensibiliser le public à la richesse et à la fragilité du monde marin.