10 choses à savoir sur le corail
Le corail, plus grand constructeur de la planète, est un animal fragile et menacé.
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Je suis un corps primitif à orifice unique, muni de tentacules urticants et apparu au Précambrien il y a 900 millions d’années.
Je suis le plus grand bâtisseur de la planète et je vis en symbiose avec une algue, je suis… le corail !
- Le corail est un animal
- Dur ou mou, le corail est partout
- Un petit coup de calcaire ?
- Zooxanthelle + corail = <3
- La méduse est sa cousine
- Petit mais visible depuis l’espace
- Petit mais de super-pouvoirs
- Au milieu des récifs, une explosion de vie
- Le corail fluorescent
- Coraux menacés
Le corail est un animal
Animal, végétal ou minéral ? Difficile à dire à première vue
Le corail, connu depuis l’Antiquité a longtemps intrigué les naturalistes. Considéré comme une pierre mais aussi comme une plante, ce n’est qu’au 18e siècle que les scientifiques le considèrent définitivement comme un animal.
Dans la mythologie grecque, Persée tranche la tête de Méduse, la Gorgone, dont les yeux pétrifient ceux qui croisent son regard. Posant la tête sur le sable pour se laver les mains, il voit le sang de la Méduse couler dans la mer et sur les algues et les pétrifier les faisant devenir… corail.

Dur ou mou, on le trouve partout
Le corail peut former des colonies ou être un polype solitaire. Et même si la majorité des coraux se rencontrent dans les eaux chaudes à proximité de la surface, il existe aussi des coraux d’eaux froides ou coraux profonds : en 2020, 116 nouveaux récifs coralliens ont ainsi été découverts en haute mer entre 200 et 1 200 mètres de profondeur.
Parmi les 1 400 espèces de coraux durs et mous existant à travers le monde, on compte 850 espèces de coraux constructeurs de récifs. On les appelle les Scléractiniaires.
Un petit coup de calcaire ?
Le corail synthétise du calcaire tout au long de sa vie...
... et deux types de coraux existent :
- Ceux qui sont capables de produire un exosquelette et qui sont des coraux durs comme les coraux Acropora, Porites, Euphyllia.
- Ceux dont la synthèse du calcaire permet de soutenir les tissus du corail, ce sont des coraux mous.
Branchu, tabulaire ou massif aux formes arrondies, le corail dur est constructeur et forme un récif en se soudant les uns aux autres.

Zooxanthelle + corail = <3
Pour produire son squelette et construire le récif, le corail héberge une micro-algue dans ses tissus.
La zooxanthelle favorise la précipitation du calcium dissous dans l’eau en absorbant le gaz carbonique de l’eau lors de la photosynthèse et elle apporte au corail l’oxygène et les glucides, des nutriments essentiels à la croissance de son squelette.
En retour, le corail fournit à la zooxanthelle du dioxyde de carbone (CO₂) et des composés azotés. Vivant dans les tissus du corail, cette micro-algue y trouve abri et protection. Grâce à cette relation symbiotique, le corail peut survivre dans des environnements pauvres en nutriments, la zooxanthelle couvrant 70 à 90 % de ses besoins énergétiques.
Voilà pourquoi la grande majorité des récifs se développe entre la surface et une trentaine de mètres de profondeur, dans des eaux claires, lumineuses et chaudes : les coraux exposent leurs algues au soleil afin qu’elles puissent accomplir leur mission : la photosynthèse !
La méduse est sa cousine
Dans la famille des Cnidaires, je demande le corail !
Et la méduse, et aussi la gorgone ou l’anémone à qui le polype de corail ressemble.
Toutes appartiennent au groupe des Cnidaires qui sont des animaux urticants. En effet, le corail utilise ses cellules urticantes pour se défendre ou se nourrir.
D’ailleurs le contact avec certains coraux dont le Corail de feu peut provoquer brûlures ou irritations cutanées au plongeur imprudent ou trop curieux.
Petit mais visible depuis l’espace
Le corail est un bâtisseur infatigable,
... capable de créer des récifs de plusieurs milliers de kilomètres.
La Grande Barrière de Corail, située au nord-est de l'Australie, s'étend sur environ 344 400 km² et 2 300 km de long. Elle est la plus grande structure vivante produite par des organismes, visible à l'œil nu depuis l'espace !
Inscrite depuis 1981 au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, elle compte plus de 1 500 espèces de poissons, environ 400 espèces de coraux, 4 000 espèces de mollusques et près de 240 espèces d’oiseaux, ainsi qu’une grande diversité d’éponges, d’anémones, de vers marins, de crustacés et d’autres espèces.

Petit mais de super-pouvoirs
Le récif est bien utile à l’humanité, ce qui en fait un élément clé de l'équilibre de l'écosystème corallien.
- Le récif corallien agit comme un rempart contre la force des vagues, atténuant jusqu'à 90 % de leur impact. Il protège ainsi le littoral de l'érosion côtière.
- Lorsqu’il se développe, il accumule du carbone sous forme de carbonate de calcium dans son squelette, devenant ainsi un puits de carbone.
- Il pourrait fournir à la médecine du 21ème siècle des molécules essentielles : de nombreux organismes récifaux produisent des substances biochimiquement puissantes, dont on étudie les effets contre l’arthrite, le cancer et autres maladies.
Au milieu des récifs, une explosion de vie
Un écosystème qui bat des records !
En effet, cet écosystème ne représente que 0,2 % de la surface océanique mais il abrite 30 % de la biodiversité marine connue, soit environ 100 000 espèces, la plus grande diversité biologique sur Terre !
On y recense environ 1 000 espèces de coraux, 25 000 de mollusques, 8 000 de poissons et autres vertébrés et des dizaines de milliers d’autres animaux comme des crustacés, étoiles de mer, oursins et vers marins.
Une multitude d’espèces à la base des chaînes alimentaires marines s’y reproduisent et y trouvent abri et nourriture. Cette richesse marine est une ressource précieuse pour les populations locales qui se nourrissent des espèces présentes dans les récifs.
Il fait partie des écosystèmes marins qui produisent le plus de biomasse vivante.

Le corail fluorescent
La plupart des coraux sont fluorescents, car ils contiennent des molécules appelées « GFP » (Green Fluorescent Protein) qui absorbent la lumière invisible et la réémettent sous forme de lumière visible de couleur verte, jaune ou rouge.
On ne connaît pas encore précisément le rôle de cette fluorescence. Cependant, il est possible que dans les zones peu éclairées, la fluorescence transforme la lumière bleue, qui pénètre en profondeur, en lumière utile pour les zooxanthelles, aidant ainsi à la photosynthèse. Cela permettrait aux coraux de survivre dans des environnements où la lumière est rare.
D'autres hypothèses suggèrent que la fluorescence pourrait protéger les coraux vivant près de la surface des rayons UV ou des radicaux libres, comme une protection solaire.
Enfin, certaines hypothèses avancent la fluorescence comme un mécanisme de défense envers les prédateurs ou de prédation pour attirer les proies.
Coraux menacés
Les coraux subissent les effets du changement climatique
Cela se traduit par :
- Le blanchissement du corail : différents stress dont la pollution et la hausse de la température de l’eau entraînent l’expulsion des zooxanthelles et à terme la mort des coraux.
Le 15 avril 2024, la NOAA (en partenariat avec l'Initiative internationale pour les récifs coralliens) a confirmé que le monde se trouvait au milieu de son quatrième épisode de blanchissement des coraux. « Entre le 1er janvier 2023 et le 20 avril 2025, un stress thermique de type blanchissement a touché 83,7 % de la superficie des récifs coralliens de la planète et un blanchissement massif des coraux a été documenté dans au moins 83 pays et territoires. »
- L’acidification de l’océan impacte la calcification du squelette du corail.
- La pêche intensive, les prélèvements immodérés, les déversements de substances polluantes, les pratiques de remblaiement, la pression démographique croissante menacent également la survie des coraux.

Quelles solutions pour préserver les récifs coralliens ?
- Limiter le réchauffement climatique : en réduisant le taux actuel de gaz à effet de serre et en développant la production d’énergie durable
- Optimiser la résilience des récifs coralliens : en contrôlant les activités humaines qui détériorent l’état des récifs pour permettre aux coraux de se régénérer, en luttant contre la pollution ou en mettant en place une gestion des espaces littoraux qui n’impacte par le récif (aménagement des côtes)
- Augmenter le nombre d’aires marines protégées
- Protéger les récifs coralliens isolés : certains récifs coralliens sont éloignés de toute activité humaine ; en les protégeant, ils pourraient servir de réservoir de biodiversité.
- Restaurer les récifs : des associations agissent sur le terrain en installant des récifs artificiels. Les structures immergées accueillent des boutures de corail qui petit à petit attirent à nouveau des espèces marines.
- Nausicaá bouture des coraux qui sont ensuite présentés dans les expositions. Depuis 2020, Nausicaá participe au Conservatoire Mondial du Corail dont l'objectif est de préserver le patrimoine génétique des coraux menacés.