Corail Innovation bleue 3mn
Nouvelles pistes pour restaurer les coraux
Robots, IA, logiciels d’analyse : panorama des dernières innovations au service des récifs coralliens.
Année après année, des blanchissements dramatiques fragilisent les récifs coralliens.
En 2025, la Grande Barrière de corail a connu son plus grave épisode depuis près de quarante ans. Aux Caraïbes, des records de température ont aussi provoqué un blanchissement massif.
Dans ce combat, des solutions technologiques ouvrent de nouvelles pistes à explorer.
Des robots jardiniers des mers
En août 2025, une étude a testé sur la Grande Barrière un drôle d’allié pour restaurer les récifs coralliens : un robot guidé par l’intelligence artificielle. Grâce à une caméra embarquée, il analyse le fond marin en temps réel et repère les zones les plus favorables à la réimplantation des coraux. Il va alors pouvoir y déposer de petits socles artificiels, conçus pour servir de support à de futurs coraux.
Capable de descendre jusqu’à dix mètres, il a réussi à poser correctement ces socles dans près de huit cas sur dix. Des fragments ou des larves de coraux pourront ensuite y être fixés par les scientifiques, et grandir. Des résultats encourageants, qui laissent espérer des campagnes de restauration beaucoup plus rapides et à plus grande échelle que celles menées uniquement par des plongeurs.
Suivre la reproduction des coraux avec l’intelligence artificielle
En septembre 2025, des chercheurs ont présenté CSLICS dans une étude scientifique : un système de caméras intelligentes capable de compter automatiquement les millions d’œufs et de larves produits lors de la reproduction des coraux. Là où les scientifiques devaient autrefois passer un nombre considérable d’heures à observer et comptabiliser manuellement, l’algorithme fournit désormais ses résultats en quelques instants.
Encore au stade expérimental, cette technologie pourrait transformer le suivi de la reproduction et donner un sérieux coup d’accélérateur aux programmes de restauration.
Cartographier les récifs
D’autres outils sont déjà déployés sur le terrain. Drones et caméras sous-marines permettent de dresser des cartes précises des récifs, de mesurer la couverture corallienne et de repérer les zones les plus fragilisées. Ces suivis visuels servent à cibler les interventions de restauration et à suivre leurs résultats dans le temps.
À l’échelle mondiale, l’outil open source CoralNet, soutenu par la NOAA (l’agence américaine qui surveille les océans) et plusieurs universités, met l’intelligence artificielle au service de cette mission : il reconnaît coraux, algues et autres organismes à partir de photos, et permet aux chercheurs, aux ONG ou aux bénévoles d’annoter et de comparer collectivement des milliers d’images de récifs.
Des outils en accès libre
En 2024, la Coral Restoration Foundation a lancé CeruleanAI, un logiciel open source conçu pour accélérer l’analyse des récifs. Là où l’assemblage et l’interprétation de mosaïques de photos prenaient des semaines, il permet d’obtenir des résultats en quelques minutes. Mis à disposition de la communauté scientifique et des ONG, il illustre comment la technologie peut réduire considérablement le temps d’étude et soutenir la restauration à grande échelle.
La technologie ouvre des perspectives inédites pour les récifs. Mais leur survie dépendra avant tout des choix collectifs que nous ferons pour protéger l’océan.