À Nice, l’UNOC 3 s’ouvre sur l’urgence de sauver les océans
Hier, à Nice, l’ouverture de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3) a résonné comme un appel à la mobilisation générale.
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Face à l’accélération de la crise climatique, à l’effondrement de la biodiversité marine et à la multiplication des catastrophes environnementales, la planète bleue n’a jamais semblé aussi vulnérable.
Hier, à Nice, l’ouverture de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 3) a résonné comme un appel à la mobilisation générale. Chefs d’État, scientifiques, représentants de la société civile et acteurs économiques, venus de plus de 120 pays, se sont réunis pour tenter de répondre à une question cruciale : saurons-nous, enfin, protéger les océans, ces régulateurs du climat et réservoirs de vie, menacés par la surexploitation, la pollution et le dérèglement climatique ?
Un front commun pour l’océan
Dans un contexte d’urgence écologique sans précédent, l’UNOC 3, coorganisée par la France et le Costa Rica, s’impose comme un rendez-vous décisif. Lors de la cérémonie d’ouverture, Rodrigo Chaves, président du Costa Rica, a souligné la portée universelle de l’océan et l’importance de cette collaboration :
« L’océan n’a pas de frontières, il nous unit tous. La protection de la vie marine est un devoir collectif, et c’est ici, à Nice, que nous devons franchir un cap décisif pour garantir un avenir durable à notre planète bleue. »
Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a insisté sur la responsabilité historique des États et l’urgence d’agir :
« Nous sommes à un moment de vérité. L’océan est notre plus grand allié contre le changement climatique, mais il est menacé comme jamais. Nous devons agir ensemble, avec courage et détermination, pour faire entrer en vigueur le traité BBNJ et garantir la justice environnementale. »
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a, quant à lui, placé la conférence dans une perspective mondiale, soulignant la continuité entre l’UNOC 3 et la COP30 de Belém, qui aura lieu en novembre prochain :
« De Nice à Belém, nous devons construire un pont d’actions concrètes. L’Amazonie et l’océan sont deux poumons de la planète, et leur protection doit être au cœur de l’agenda international. »
Les six priorités d’Emmanuel Macron
Après ces interventions, Emmanuel Macron, président de la République française, a détaillé les six priorités qui guideront les travaux de l’UNOC 3 :
1. Multilatéralisme : travailler ensemble pour l’océan
Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’une coopération internationale renforcée. Les océans n’ont pas de frontières : leur protection ne peut se faire qu’en unissant les efforts de tous les pays, au-delà des intérêts nationaux. Il s’agit de placer l’océan au cœur de l’agenda mondial, pour que chaque avancée bénéficie à l’ensemble de la planète.
Plusieurs forums parallèles, comme le One Ocean Science Congress, ont permis de renforcer les synergies entre États, scientifiques et société civile.
2. Protection des océans et mise en vigueur du traité BBNJ
Le traité sur la haute mer (BBNJ), adopté en 2023, vise à protéger la biodiversité dans les zones internationales.
Le président Macron a annoncé durant la cérémonie que la barre des 60 ratifications nécessaires à l’entrée en vigueur du traité était désormais franchie ou en passe de l’être, grâce à l’engagement de quinze nouveaux pays durant la conférence.
Ce traité permettra de créer des aires marines protégées en haute mer, d’imposer des études d’impact environnemental et de garantir un partage équitable des ressources génétiques marines.
3. Moratoire sur l’exploitation des fonds marins
Face à la tentation d’exploiter les ressources minérales des grands fonds, le chef d’État français a plaidé pour un moratoire international, tant que la science n’a pas levé toutes les incertitudes sur les risques écologiques. Il a dénoncé les velléités de certains pays d’autoriser l’exploitation minière des fonds marins sans cadre international solide, affirmant :
« Je pense que c’est une folie de lancer une action économique prédatrice qui va bouleverser les grands fonds, bouleverser la biodiversité, la détruire… Le moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins est une nécessité internationale. »
Il a aussi martelé :
« Les abysses ne sont pas à vendre. Pas plus que le Groenland n’est à prendre. Pas plus que l’Antarctique ou la Haute mer ne sont à vendre. »
La France s’est engagée à fédérer une coalition de pays pour soutenir ce moratoire et à refuser toute licence d’exploitation dans ses propres eaux tant que les incertitudes scientifiques persistent.
4. Aires marines protégées (AMP)
L’objectif mondial est de protéger 30 % des océans d’ici 2030. Ces zones doivent permettre à la biodiversité marine de se régénérer, tout en assurant la durabilité des activités humaines. À Nice, la France a annoncé de nouvelles extensions d’AMP, tandis que la dynamique internationale s’accélère : selon le ministère de la Transition écologique, les engagements pris à l’UNOC 3 devraient permettre de dépasser rapidement 10 % de protection effective au niveau mondial.
Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’aller au-delà des « parcs de papier » pour créer de vrais sanctuaires pour la vie marine.
5. Lutte contre la pollution plastique
La pollution plastique reste un fléau mondial, tant pour la santé de l’océan que pour la santé humaine. La France et ses partenaires ont profité de l’UNOC 3 pour relancer les négociations sur un traité international contraignant contre la pollution plastique, après des discussions difficiles fin 2024 à Busan. L’objectif est de parvenir à un accord global d’ici fin 2025, avec des mesures sur la réduction, la collecte et le recyclage du plastique.
6. Lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN)
La pêche INN représenterait encore 11 à 19 % des captures mondiales. Elle met en péril la durabilité des ressources halieutiques. Macron appelle à renforcer la surveillance, la coopération internationale et les sanctions pour éradiquer ce fléau, qui menace la sécurité alimentaire de millions de personnes et la souveraineté des États côtiers. À Nice, la France a soutenu la finalisation des accords à l’OMC pour l’arrêt des subventions à la pêche illégale, et annoncé le renforcement de la surveillance satellitaire et des coopérations régionales. Un accent particulier a été mis sur l’accompagnement des pays en développement pour renforcer leurs capacités de contrôle.
//Le président Macron à Nice > https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2025/06/08/conference-des-nations-unies-sur-locean-a-nice-premiere-journee
Un sommet sous haute pression
L’UNOC 3 s’ouvre ainsi sous le signe de l’ambition, de la responsabilité collective et de l’urgence à agir. Les attentes sont immenses : la société civile, les scientifiques et de nombreux États espèrent que les engagements pris à Nice se traduiront en actions concrètes et mesurables pour préserver l’océan, ce bien commun vital pour l’humanité.
Ce sommet doit servir de tremplin vers la COP 30 de Belém, où la convergence entre climat, biodiversité et océans sera au cœur des négociations internationales. Plus que jamais, l’avenir de la planète bleue se joue dans les décisions prises cette semaine sur la Côte d’Azur.
UNOC3 - Conférence des Nations Unies sur l'Océan
Comprendre les enjeux de la 3ème Conférence des Nations Unies sur l'Océan à Nice du 9 au 13 juin 2025.