Le long chemin vers un traité contre la pollution plastique
Quatrième session de négociations pour un traité juridiquement contraignant contre la pollution plastique, y compris dans l’environnement marin.
- 4mn de lecture
Mise à jour le 30 avril 2024
Comment éviter dans l’avenir un océan de plastique ? Chaque année, 460 millions de tonnes de déchets plastiques polluent la nature, soit deux fois plus qu’il y a 20 ans et les prévisions parlent de 3 fois plus de déchets d’ici 2060 !
La pollution plastique finit souvent dans l’océan. On estime que 85 % des déchets marins sont des déchets plastiques, ce qui représente entre 75 à 199 millions de tonnes. Les macrodéchets retrouvés sur le littoral français sont constitués à 86 % de produits en plastique et 23 % sont des produits plastiques à usage unique.
Les conséquences de la pollution plastique
Selon le rapport de l’UNEP « UNE ÉVALUATION MONDIALE DES DÉCHETS MARINS ET DE LA POLLUTION PLASTIQUE » paru en 2021, les conséquences de la pollution plastique dans l’océan sont multiples :
- Les déchets plastiques affectent la faune marine en provoquant leur enchevêtrement, la privation de nourriture, la noyade, la lacération de tissus internes, l’étouffement et la privation d’oxygène et de lumière, le stress physiologique, et des dommages toxicologiques. Cela affecte toute la biodiversité marine, des mammifères marins, comme les baleines ou les phoques, aux tortues, en passant par les oiseaux et les poissons. Les issues fatales sont courantes.
- Les invertébrés tels que les bivalves, le plancton, les vers et les coraux sont également impactés.
- En affectant le plancton, les déchets plastiques peuvent modifier le cycle global du carbone.
- La décomposition des déchets plastiques laisse échapper des microplastiques et autres polluants qui finissent dans les chaînes alimentaires marines, donc dans notre assiette et aussi dans notre organisme.
Vers un traité juridiquement contraignant contre la pollution plastique
Pour lutter contre cette pollution, l’Agence des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a adopté en 2022 la résolution 5/14 qui a créé un comité de négociation intergouvernemental (CNI) chargé d'élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique, y compris dans le milieu marin d’ici fin 2024.
Cinq sessions ont été programmées pour aboutir à ce traité, la quatrième s'est déroulée au Canada du 23 au 29 avril 2024.
Les délégués de 175 pays se sont réunis pour avancer sur le projet de texte révisé lors de leur avant-dernière réunion. Les travaux continueront cet été dans les sous-comités avant l’ultime session prévue du 25 novembre au 1er décembre 2024 en Corée.
Des négociations difficiles
Le chemin parait encore long car deux coalitions s’opposent. D’une part la coalition des États désireux de réduire la production de plastique avec un traité ambitieux, menée par la Norvège et le Rwanda avec des pays comme la France, l’Allemagne et l’Union européenne. La proposition du Pérou et du Rwanda de réduire de 40 % la production de plastique d'ici 2040 n'a pas été retenue.
Car face à ce groupe, s’est formée la coalition des pays producteurs de pétrole et de plastique autour des pays du Golfe avec l’Iran, la Russie, le Brésil, la Chine ou encore l’Inde qui privilégient le recyclage du plastique plutôt que la réduction de sa production.
Or actuellement moins de 10 % des plastiques sont recyclés au niveau mondial et si ce chiffre peut augmenter à l’avenir, la réduction à la source est essentielle pour diminuer rapidement la quantité de plastique dans notre océan.
Dans le même temps, le G7 qui a réuni les ministres de l'Environnement à Turin « s’engage à réduire la production mondiale de polymères primaires afin de mettre fin à la pollution plastique en 2040 » selon une ébauche de communiqué final.
TREASURE - réduction des rejets de plastique dans la mer du Nord
Nausicaá participe avec 15 partenaires dans 5 pays au projet européen TREASURE qui vise à la réduction des rejets de plastique dans la mer du Nord.
Dans le cadre de ce projet, Nausicaá met son expertise en médiation environnementale, en cocréation par l’implication des usagers dans la conception de futurs outils technologiques et de services en communication au service du partenariat.