Pôles, glaciers et changement climatique
A l’occasion du One Planet – Polar Summit, essayons de comprendre le rôle des glaciers et des pôles dans la lutte contre le changement climatique.
- 5mn de lecture
A l’occasion du One Planet – Polar Summit qui s’est déroulé à Paris les 8, 9 et 10 novembre 2023, plus de quarante « nations glaciaires et polaires » se sont rassemblées en présence de spécialistes de la cryosphère autour de l’urgence qui frappe les régions polaires, notamment avec la fonte des glaces et la perturbation du cycle de l’eau.
Le sommet s’est conclu le 10 novembre par un Appel de Paris pour les glaciers lié au changement climatique et les pôles approuvé par 31 pays, l’Organisation des Nations Unies pour la Science, l’Education et la Culture ainsi que l’Organisation Météorologique Mondiale.
L’Appel de Paris appelle donc à la coopération pour la préservation de la cryosphère et au soutien de la recherche notamment par le financement de programmes et de partage de données. Mais aussi :
- La promotion de la Décennie des sciences cryosphériques, glaciaires et polaires de 2025 à 2034 avec l’Unesco et l’Organisation Météorologique Mondiale en encourageant l’éducation aux enjeux polaires et glaciaires à travers l’année internationale de la préservation des glaciers en 2025 et les journées mondiales des glaciers célébrées le 21 mars.
- Le soutien au projet Ice memory, dont l'ambition est de sauvegarder des carottes de glace provenant de glaciers en danger de dégradation ou de disparition.
- La création d’une coalition des villes et régions côtières dont les habitants sont directement concernés par l’élévation du niveau de la mer en vue de la conférence des nations unies sur l’Océan (UNOC) en 2025.
- Le lancement des "Recommandations politiques pour adapter les villes côtières à l'élévation du niveau de la mer" issues du projet Sea'ties.
- L’amplification des efforts internationaux comme l’Accord de Paris – COP 21, la poursuite des objectifs à atteindre dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming – Montréal, la mise en œuvre des dispositions du traité sur la biodiversité de la haute mer notamment la mise en place d’aires marines protégées.
Pourquoi protéger les pôles et les glaciers ?
- La cryosphère, c’est-à-dire les régions de la planète où l’eau est à l’état solide représente 10 % de la surface de la Terre. Elle comprend les inlandsis de l’Antarctique et du Groenland, la glace de mer en Arctique et océan Austral, le manteau neigeux et les glaciers de montagne ainsi que le permafrost ou pergélisol en français qui comprend les terres gelées en permanence.
- Les glaciers représentent 60 à 70 % des eaux douces de la planète.
- Ces régions sont les plus touchées par le réchauffement climatique suite à la hausse des émissions mondiales des gaz à effet de serre, avec des conséquences directes pour les populations et les écosystèmes mais aussi pour le reste de la planète.
- Les conséquences de la fonte des glaces se font sentir à une échelle locale, régionale et globale car elles affectent le monde entier et les causes sont liées à des activités qui se déroulent essentiellement en dehors de ces régions.
Quelques chiffres :
- En 2021 et 2022, la perte de masse des glaciers de montagne est supérieure de 20% à la moyenne de la décennie précédente. D’ici 2100, la disparition de la plus de la moitié de ces glaciers est déjà envisagée.
- Augmentation jusqu’à quatre fois plus importante de la température de surface en Arctique par rapport à la moyenne annuelle mondiale depuis les quarante dernières années.
- Multiplication par 4 en 30 ans de la perte de glace des inlandsis du Groenland et de l’Antarctique ce qui contribue à l’élévation du niveau de la mer.
- En septembre 2023, la glace de mer arctique a atteint le 5e niveau le plus bas depuis 1985.
- En février 2023, la glace de mer antarctique a enregistré l’étendue la plus basse avec pour conséquence le risque accru d’échec de la reproduction des manchots empereurs. En Antarctique, en 2022 les scientifiques ont constaté un échec total de la reproduction des manchots empereurs sur 4 sites de reproduction sur 5 à cause de la rupture précoce de la glace de mer dont ils dépendent pour vivre et se reproduire.
- Le dégel du pergélisol entraine la libération de gaz à effet de serre, ce qui impactera notre capacité à limiter le réchauffement à 1.5 degré Celsius.
Quelles sont les conséquences de la fonte des glaces ?
La perte de la cryosphère a des conséquences globales :
- En Asie du Sud par exemple, la disparition des glaciers de montagne et des haut-plateaux va affecter 2 milliards de personnes dans leur approvisionnement en eau potable, l’agriculture, la production d’électricité.
- L’élévation du niveau de la mer va exposer plusieurs centaines de millions de personnes vivant dans des zones littorales au risque d’inondation côtière.
- La diminution de la surface de la banquise entraine une diminution de la surface réfléchissante de la lumière du soleil et entraine un réchauffement de l’océan qui va l’absorber.
- Les conséquences sur la biodiversité sont également visibles dans les régions polaires : perte d’habitat comme c’est le cas pour les ours polaires, la modification de la composition des espèces et l’augmentation des risques d’invasion d’espèces non indigènes. Dans l’Arctique, ces changements ont également des répercussions sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire et hydrique des populations autochtones.