La méduse, cette belle empoisonneuse

Fascinantes, gluantes, dangereuses, élégantes… Il y a des qualificatifs variés pour évoquer les méduses. Mais les connait-on vraiment ?

méduse dorée à nausicaa

Qu'est-ce qu'une méduse ?

La méduse est un animal qui flotte, qui nage mais qui ne peut pas résister aux courants marins : les méduses font donc partie du plancton.
Comme leurs proches parents les anémones de mer et les coraux, les méduses sont urticantes. Les scientifiques les classent d’ailleurs parmi les cnidaires (du grec knidèknidè, qui signifie ortie).

  • La méduse est un animal marin très ancien. Des fossiles vieux de 600 millions d’années ont été découverts en Australie. Certaines des empreintes laissées correspondent aux ancêtres des méduses appelés les Ediacaria.
  • Il existe plus de 9 000 espèces de cnidaires, parmi lesquels quelques centaines d’espèces de méduses.
  • Les méduses sont des invertébrés dont 95 à 98% du corps est constitué d’eau. Cette particularité leur donne une apparence gélatineuse et leur assure une bonne flottabilité.
  • Le corps d’une méduse est plutôt mou en forme d’ombrelle qui se referme, repoussant l’eau d’un côté et propulsant la méduse de l’autre.

On distingue trois parties:

  •     une ombrelle arrondie plus ou moins transparente
  •     un manubrium au centre de l’ombrelle
  •     des tentacules composées de cellules urticantes, appelées cnidocytes. Ce sont de véritables lance-harpons miniatures, reliés chacun à un réservoir de venin. Chaque méduse en possède des milliers.

La méduse n’a ni cerveau ni cœur ni poumons ni branchies. Elle respire à travers la paroi de son corps. Cela ne l’empêche pas de posséder un appareil digestif avec une bouche entre les tentacules, un estomac, des muscles et des nerfs.
Leur système nerveux est un simple réseau de cellules : le bord de l’ombrelle porte des organes d’équilibre, appelés rhopalies, et des organes sensoriels sensibles à la lumière.

Les méduses ont des tailles et des formes variables : certaines sont presque invisibles à l’œil nu, tandis que d’autres impressionnent par leur taille.
La plus petite espèce ne mesure que quelques millimètres de diamètre. La plus grande, appelée méduse Crinière de lion (Cyanea capillata), possède une ombrelle dépassant les 2 mètres de diamètre et des tentacules pouvant atteindre 50 mètres de longueur. Elle peut peser plusieurs centaines de kilos !

Comment les méduses se reproduisent-elles ?

Malgré leur apparence très primitive, les méduses ont un cycle de vie bien compliqué.
Chez quelques espèces, les méduses mâles et femelles relâchent en pleine eau leurs cellules sexuelles qui se rencontrent au hasard. Il y a alors fécondation et un œuf se forme puis se transforme en méduse.

Mais chez beaucoup d’autres espèces, le mode de reproduction se complexifie et se divise en deux phases : une phase fixée et une phase libre.

L’œuf donne alors naissance à une petite larve qui est emportée par les courants avant de s’installer sur le fond : c’est ce qu’on appelle la phase fixée. A l’occasion d’un changement de saison, le polype passe à la deuxième phase, la phase libre. Le polype va alors se diviser en une pile de minuscules larves de méduses qui vont grossir et devenir les méduses que l’on connaît.
Après cette période le polype va regrossir pour un nouveau cycle. A ce stade, il est aussi capable de se diviser par bourgeonnement.

Méduse et biotechnologie

Des filtres de méduses pour débarrasser nos eaux des déchets plastiques

On peut faire de tout avec les méduses : des aliments pour poissons, des engrais, ou même des filtres à microplastiques !

Le projet GoJelly, financé par l’Union européenne, cherche à tirer profit de la capacité du mucus de méduse à lier le microplastique pour atténuer cette pollution.

La surpêche et le réchauffement des océans favorisent la prolifération des méduses.

Parallèlement, la pollution plastique est l’un des problèmes les plus importants auquel doivent faire face les océans : plus de 150 millions de tonnes de déchets plastiques s’y seraient déjà accumulés et jusqu’à 12,7 millions de tonnes s’y ajouteraient chaque année !

Le projet européen GoJelly utilise de manière ingénieuse le problème de la prolifération des méduses pour atténuer celui de la pollution par les microplastiques. En utilisant le mucus de méduse, les chercheurs de GoJelly prévoient de développer un biofiltre pour microplastiques qui serait utilisé dans les stations d’épuration et les usines qui produisent ce type de pollution. Les chercheurs du projet étudient également d’autres applications durables des méduses en tant qu’aliment destiné à la pisciculture, engrais agricole, ou l’utilisation de leur collagène pour les produits cosmétiques.

Mythologie

Sa forme étrange lui vaut de porter le nom d’un personnage de légende. En effet, dans la mythologie grecque, Méduse était l’une des trois Gorgones, monstres ailés au corps de femme et à la chevelure de serpents.

Son regard changeait en statue de pierre ses adversaires. Persée la vainquit en lui tranchant la tête et de son sang naquit Pégase, le cheval ailé.

C’est le savant Linné qui a vu une ressemblance entre les ondulations des serpents sur la tête de Méduse et le mouvement des tentacules de cet animal marin.

Pourquoi des méduses à Nausicaá ?

Elles sont au milieu de l’espace du plancton, car elles en sont de très jolies représentantes. Il suffit de les voir entraînées par le courant, flotter entre deux eaux ou nager vers la surface pour comprendre ce que c’est que le plancton.

Elles représentent un maillon important de la chaîne alimentaire car elles capturent des petits crustacés, des poissons et même d’autres méduses. Elles servent aussi de nourriture à de nombreux animaux marins comme les tortues de mer, comme la tortue luth.

La méduse Aurélie : Aurelia Aurita

Les aurélies que les Anglais appellent « moon jellyfish » appartiennent à la famille des ulmaridae. Elles sont présentes dans tous les océans et on en trouve dans le Détroit du Pas-de-Calais. Les aurélies se nourrissent de petit plancton animal.

A Nausicaa, elles mangent de petites larves de crevettes appelées artémies, qui sont élevées spécialement pour servir de repas aux méduses. Les larves d’artémies sont de couleur rose saumon. Lorsque les aurélies les mangent, on voit leurs estomacs se colorer par transparence.

On peut les voir dans l’exposition Des Rivages et des Hommes.

photo de méduse aurélie à nausicaa

La méduse dorée : Chrysaora fuscescens

La méduse dorée est une espèce qui vit dans les eaux froides du Pacifique Nord. Elle appartient à la famille des Pelagiidae et son ombrelle peut atteindre 30 cm de diamètre.

Cette méduse se différencie des autres méduses par ses tons dorés et son alimentation composée de zooplancton, de poisson et de crevettes.

On la trouve dans l’exposition Voyage en Haute Mer.

photo de méduse dorée à nausicaa

La méduse tachetée d’Australie : Phyllorhiza punctata

Cette méduse tachetée est originaire d’Australie mais on la trouve aussi autour des îles Hawaï, dans les Caraïbes, au Sud de la Californie et dans le golfe du Mexique.

Elle appartient à la famille des Mastigiidae et son ombrelle peut atteindre une taille record de 70 cm de diamètre. On la reconnait à ses points blancs et à son allure de « cloche flottante ».

photo de méduse tachetée d'australie à nausicaa

La cyanée bleue : Cyanea Lamarckii

La méduse bleue dont la taille de l'ombrelle oscille entre 15 et 30 cm peut avoir jusqu’à 800 fins tentacules qui évoquent une chevelure. Ceux-ci peuvent mesurer jusqu’à 25 fois le diamètre de l’ombrelle. 

cyanée bleue

FAQ sur les méduses

Les tentacules des méduses sont composés de cellules urticantes (cnidocytes) qui contiennent du venin. Lorsque ces cellules sont en contact avec la peau de nageurs ou un poisson, elles injectent leur venin grâce à un minuscule harpon, ce qui provoque des démangeaisons. Cette sensation de brûlure s’explique par le fait que les cnidocytes restent accrochées à la peau et continuent d’injecter leur venin.

Il s’agit en réalité de leur technique pour capturer leurs proies : elles les attrapent avec leurs tentacules et les paralysent grâce à leur venin avant de les manger.

La piqûre de méduse est très douloureuse mais pas toujours dangereuse pour l’Homme. Même si les démangeaisons peuvent être fortes, il faut éviter de frotter la blessure avec sa main, car s’il reste des cnidocytes accrochées, il est possible de les transférer et donc de vous brûler également la main. De même, il faut éviter de rincer à la zone touchée à l’eau douce car cela pourrait aggraver la brûlure à cause de la différence de pression osmotique.

La bonne attitude à adopter est de rincer à l’eau de mer et de mettre du sable dessus en laissant sécher. Puis, à l’aide d’une carte (carte bancaire par exemple) de passer sur la zone touchée pour enlever les cellules urticantes accrochées et de rincer une nouvelle fois à l’eau de mer. Enfin, pour diminuer la douleur, il est conseillé de chauffer la zone, soit avec de l’eau chaude à 45 degrés ou avec un sèche-cheveux car la chaleur inhibe le venin. N’oubliez pas de désinfecter la blessure avec de l’antiseptique.

Les gestes à ne surtout pas faire : utiliser de l’alcool, utiliser de l’eau douce, gratter la zone, uriner sur la blessure.

En Méditerranée, en Australie, dans le golfe du Mexique, au Japon ou en mer Baltique, elles sont partout… Les méduses aiment les eaux chaudes et l’augmentation de la température de l’océan favorise leur croissance et rallonge leur période de reproduction. Elles profitent aussi de la pollution aux engrais qui favorise la reproduction du plancton végétal constituant leur nourriture, et de la surpêche qui élimine leurs prédateurs.

A l’époque de la reproduction, les méduses peuvent pulluler, couvrant alors des kilomètres carrés de mer d’une substance gélatineuse.

La méduse Turritopsis nutricula a la particularité de pouvoir inverser le processus de vieillissement. Elle peut rajeunir ses cellules et passer du stade de méduse au stade de polype et ce même après avoir atteint sa maturité sexuelle.

Cette particularité rare la rend « théoriquement immortelle », du moins sur le plan biologique.

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