Manifeste mondial des jeunes Citoyens de l'Océan

Jeudi 12 juin 2025, la coalition des jeunes Citoyens de l'Océan a présenté son manifeste à l'occasion de la 3ème Conférence des Nations Unies sur l'Océan. L'aboutissement des réflexions et des échanges des jeunes qui ont travaillé de longs mois à travers le monde pour partager leur engagement pour l'avenir de l'Océan.

"Nous sommes les Citoyens de l’Océan ; jeunes scientifiques, étudiants, représentants de communautés autochtones, décideurs politiques, entrepreneurs, communicants – unis par notre connexion intime à l’Océan et notre responsabilité commune à son égard. En tant que jeunesse de l’Océan, nous sommes poussés par l’urgence à agir pour protéger le berceau de la vie sur notre planète ; sans lequel vie, moyens de subsistances et cultures ne peuvent perdurer. 

Guidés par nos expériences, nous sommes les témoins directs de la perte accélérée de la biodiversité, de l’érosion du patrimoine culturel et de la marginalisation continue des jeunes dans les décisions qui définissent notre avenir collectif. En réponse, nous nous sommes réunis. Venant de tous les continents et d’horizons académiques et professionnels variés, apportant chacun nos visions du monde uniques, nous avons cocréé ce Manifeste mondial des jeunes citoyens de l’Océan comme un appel à l’action pour une gouvernance audacieuse, inclusive et intergénérationnelle des océans et qui place les jeunes au centre de la prise de décision. Les choix faits aujourd’hui façonnent le monde dont nous hériterons demain. Une véritable justice intergénérationnelle exige que nos voix, nos connaissances et notre leadership soient non seulement reconnus, mais aussi soutenus pour mener des changements audacieux et transformateurs.

Nous, jeunes de 22 réseaux engagés à travers le monde, soutenons fermement les objectifs de la troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC3). En tant que représentants de la jeunesse, nous savons qu’il est maintenant temps d’agir et nous appelons à la mise en place urgente de solutions. Celles-ci doivent être inclusives, basées sur les connaissances scientifiques et fondées sur le Droit, mettant l’équité au centre des préoccupations, soutenant le savoir autochtone et assurant une véritable justice intergénérationnelle.

• Définit nos valeurs, fondées sur la justice, l’inclusion et la protection des écosystèmes océaniques et du patrimoine culturel ;
• Demande une action urgente en faveur de l’équité intergénérationnelle, des droits des populations autochtones, d’une éducation à l’Océan décolonisée et d’un financement juste et accessible pour les initiatives dirigées par les jeunes et les communautés locales ;
• Nous engage à être moteur du changement, en défendant une gouvernance inclusive des océans et en mobilisant les jeunes leaders du monde entier afin de façonner les décisions qui définiront notre avenir. 

Nous demandons la reconnaissance de la jeunesse en tant que catégorie d’intervenants officielle dans les conférences des organisations internationales et les réunions gouvernementales liées à la gouvernance des océans. Les jeunes doivent avoir un accès direct à la table des négociations pour façonner l’avenir de nos océans.
Nous demandons une action immédiate en faveur de la ratification et de la mise en œuvre rigoureuse des principaux accords internationaux, y compris : 

• l’Accord BBNJ se rapportant à la CNUDM,
• le Cadre mondial de biodiversité de Kunming-Montréal,
• les Objectifs de Développement Durable (ODD),
• le Traité mondial à venir sur la pollution plastique
• et l’Accord de Paris établis dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique.

Nous demandons l’adoption de politiques de décentralisation et de réformes juridiques qui reconnaissent, respectent, valorisent et intègrent les connaissances autochtones et traditionnelles dans la gouvernance des océans.
Nous demandons davantage de soutien technique et de financements pour des sciences océaniques indépendantes et transdisciplinaires qui reconnaissent le cycle complet de l’eau — des montagnes à la mer — et priorisent la co-création du savoir.
Nous demandons le développement et la mise en place d’outils financiers novateurs - y compris les obligations bleues, les obligations en matière de biodiversité et le financement mixte - pour favoriser des partenariats public-privé alignés sur les principes de durabilité et de garanties sociales. Les peuples autochtones et les communautés locales, ainsi que les jeunes et les développeurs d’innovations de terrain, doivent être inclus en tant que partenaires à part entière dans le processus décisionnel et le partage des avantages.
Nous demandons un changement fondamental pour l’intégration du principe de protection dans les cadres politiques de l’Océan. La politique océanique ne doit plus être guidée par l’exploitation et le gain économique, mais par le devoir de protéger et de prendre soin de nos eaux.
Nous demandons que des mesures soient prises pour que les industries soient tenues responsables des impacts écologiques de leurs processus de production et de leurs produits tout au long de leur cycle de vie.
Nous demandons l’élaboration de cadres politiques inter-régionaux et de plateformes scientifiques, artistiques et technologiques qui favorisent et facilitent la coopération intergénérationnelle et interdisciplinaire. Ces cadres doivent permettre aux jeunes, aux scientifiques, aux artistes, aux peuples autochtones et aux collectivités locales de créer et diriger des solutions transformatrices pour les océans.
Nous demandons le renforcement de la coopération internationale et de la résilience régionale grâce à des patrouilles conjointes, au partage et à la diffusion de l’information, à une harmonisation et une application coordonnée des cadres juridiques existants pour protéger plus efficacement les environnements marins.
Nous demandons la création de politiques pour l’Océan adaptatives et fondées sur des données probantes qui répondent aux nouvelles connaissances scientifiques et aux besoins des communautés. Ces politiques doivent comprendre des rapports sur l’équité intergénérationnelle.

Nous nous engageons à être de bons ancêtres, en nous rappelant que nous ne sommes pas les derniers, et à construire des ponts pour ceux qui viendront après nous.
Nous nous engageons à créer et à institutionnaliser des espaces sécurisants, pertinents et percutants pour que les jeunes participent au processus décisionnel à tous les niveaux.
Nous nous engageons à respecter, valoriser et défendre les connaissances écologiques et culturelles traditionnelles des peuples autochtones et des communautés locales.
Nous nous engageons à tenir les institutions publiques et le secteur privé responsables de leurs actions.
Nous nous engageons à renforcer le lien entre les individus et l’Océan grâce à des actions intentionnelles et axées sur nos valeurs.
Nous nous engageons à adopter des modes de vie durables en adoptant les principes de réduction, réutilisation et recyclage ; en soutenant une économie circulaire ; en utilisant des sources d’énergie propres et respectueuses de la biodiversité dans la mesure du possible ; en promouvant des pratiques de pêche durables, en refusant de consommer les produits issus de pêcheries non-durables et en soutenant les producteurs de la pêche artisanale et de l’aquaculture durable.
Nous nous engageons à travailler avec une perspective intergénérationnelle allant au-delà des allocations de financement et des cycles politiques.

Initialement rédigé et signé par 50 jeunes représentants des Amériques, d’Océanie, d’Afrique, d’Asie et d’Europe réunis au Sommet des Citoyens de l’Océan en mars 2025 à Nausicaá Centre National de la Mer à Boulogne-sur-Mer, France. 

Présenté officiellement dans sa première version à S.E. Ana Elena Pinto Lizano, ambassadrice du Costa Rica, le 28 mars 2025.