Ce que Nausicaá propose va bien au-delà du simple aquarium. En témoignent une architecture, une scénographie et un design sonore tour à tour fascinants, déroutants et uniques au service du vivant et des messages de Nausicaá.
UNE ARCHITECTURE BIONIQUE PAR JACQUES ET SOPHIE ROUGERIE
Le projet du bâtiment a été imaginé par les architectes Jacques et Sophie Rougerie. Il sont les lauréats avec SOGEA CARONI, filiale de Vinci Construction, en 2014 du concours international lancé pour la création du nouveau Nausicaá.
L’architecture bionique emprunte au monde marin son vocabulaire de formes vivantes. Immédiatement identifiable par ses formes uniques, par ses coques protectrices légères et enveloppantes aux textures tantôt nacrées tantôt striées et par une scénographie futuriste, Nausicaá se lance vers le large et poursuit l’histoire maritime de Boulogne-sur-Mer.
C’est un véritable vaisseau aux courbes empruntées à celles d’une raie manta déployant ses ailes en direction de l’océan laissant une faille lumineuse s’ouvrir vers l’horizon marin pour ne plus former qu’un seul espace vivant, né de la rencontre entre la Terre et la mer.
Le projet s’affirme par une architecture à forte valeur symbolique, celle d’un bâtiment emblématique qui tout à la fois rassemble autour de son pari culturel et rayonne à travers le monde tel un phare de la connaissance marine, et redessine, au cœur du grand paysage urbain de Boulogne, une nouvelle entrée maritime pour la ville.
Son architecte, Jacques Rougerie
Passionné par la mer et par l’espace, Jacques Rougerie s’inspire de la nature pour dessiner et concevoir des habitations sous-marines, des navires et des bâtiments uniques au monde depuis plus de 30 ans.
Ses réalisations inédites ou ses projets futuristes, tous fondés sur ce biomimétisme, sont empreints de très fortes innovations technologiques afin d’être les plus efficients et naturels possibles, s’intégrant dans les milieux naturels en les respectant.
Avant-gardiste, rêveur inspiré, Jacques Rougerie favorise la transmission du savoir entre générations et soutient les jeunes talents du monde entier par sa fondation. Académicien, architecte, artiste, ce « mérien » sait que l’avenir de l’Homme se trouve dans les océans et il conserve une foi inébranlable dans le génie humain pour résoudre les immenses défis urbains, sociaux et environnementaux du XXIe siècle, alors que les zones côtières devraient accueillir les trois-quarts de la population mondiale.
UN PROJET ARCHITECTURAL UNIQUE EN EUROPE
La ligne du projet architectural affirme son ambition : concilier la dimension de l’impact de l’océan sur notre civilisation actuelle, et sur son devenir, avec l’histoire maritime de Boulogne-sur-Mer et sa revitalisation urbaine. Le nouveau NAUSICAA propose une réponse urbanistique, architecturale et scénographique ambitieuse et visionnaire qui soit en osmose avec cette double exigence.
Une architecture bionique à forte valeur symbolique
Le projet s’affirme par une architecture à forte valeur symbolique, celle d’un bâtiment emblématique qui tout à la fois rassemble autour de son pari culturel et rayonne à travers le monde tel un phare de la connaissance marine. Et pour renforcer cette symbolique, les architectes ont pris le parti d’une architecture bionique unique au monde, immédiatement identifiable, et qui donne au bâtiment ses lignes de force, sa maturité et sa flamboyance.
Une volonté légitime au regard de la vocation de l’équipement, empruntant au monde marin son vocabulaire de formes vivantes pour y puiser la symbolique de ses coques protectrices légères et enveloppantes, de sa volonté de pérennité, de sa capacité à se nourrir aux sources des mondes terrestre et marin, de ses formes tantôt rondes, tantôt saillantes, de ses textures tantôt nacrées tantôt striées. Mi espace bionique, mi temple de la connaissance humaine, Planète NAUSICAÁ se veut aussi un véritable vaisseau de la découverte, promesse d’un voyage dans l’univers des mers et océans, symbolisé par cette flèche tournée vers le large.
UNE SCENOGRAPHIE INSPIREE PAR L’EAU PAR L’AGENCE ARSCENES
Henri Rouvière, architecte DPLG scénographe muséographe a créé l’agence ARSCENES en 1990. L’agence ARSCENES, au sein du groupement, est mandataire de la scénographie pour la conception du circuit de visite, des bassins, des décors, des multimédias, du graphisme.
L’intention scénographique muséographique
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La matière élémentaire, l’eau
Indissociable de toute vie, l’eau est au cœur de la pensée scénographique. Elle raconte l’origine du monde et la diversité de la vie. Elle est à la fois l’eau miroir, l’eau glace, l’eau chaude, l’eau froide, l’eau brume. L’eau peut être aussi tempétueuse, déchaînée, effrayante, mais également calme et apaisante, « âme » du corps humain. Elle se traduit dans la scénographie par les dispositifs de circulation des boucles de visites, le choix des matériaux des revêtements, les images, la charte graphique, la température, la lumière, les ambiances et la sonorisation des espaces.
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Un état physique, l’apesanteur
Le vide intersidéral, comme l’eau, offre la légèreté en atténuant la gravité. L’être est libéré des contraintes de la pesanteur, en suspension et délivré des angoisses de la chute. Plus globalement, la scénographie guide le déplacement du public dans le circuit de visite qui se dessine en miroir des aquariums.
Les espaces de visites sont en dehors du temps, du réel. La mise en espace et surtout la mise en scène du corps des visiteurs se font par les jeux de miroirs, les bascules, les doubles hauteurs, la transparence des sols et des parois, les reflets, les plans obliques, les images animées projetées et la sonorisation.
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Une priorité, la dynamique du vivant
A la dynamique du déplacement des visiteurs répond celle de la faune dans les bassins au rythme du roulement de la lumière et de l’alternance du jour et de la nuit.
Le vivant rare et précieux est l’âme de l’aquarium. La scénographie est à son service, respectant le vivant et les écosystèmes. Le visiteur vient pour cette authenticité, cette vérité originelle. Il veut admirer, rêver, mais aussi apprendre et comprendre.
Interface architecture et scénographie
La proposition scénographique et muséographique est intimement liée au bâti. Elle est en continuité et en osmose avec l’architecture enveloppe du bâtiment.
Les horizontales et les verticales se rejoignent formant un tout, comme un corps sculpté, bionique qui étire les relations visuelles et poétiques du dehors-dedans.
Architecture sculpture, la scénographie est le cœur vivant de Nausicaá. Par l’émotion elle entraînera et immergera le public dans l’aventure à la découverte de la Planète Bleue.
Le vivant au cœur du projet scénographique
Dans l’aquarium, le grand bassin est tout particulièrement un lieu d’émerveillement et de plaisir des sens.
L’attention des visiteurs est attirée par le spectacle grandiose de la faune dans les bassins, le caractère des décors des écosystèmes, les qualités de la lumière et de l’eau. Chaque baie de vision est imaginée comme un tableau ouvrant sur les scènes du vivant. L’ambiance relativement tamisée du circuit de visite préserve le mystère et privilégie les vues panoramiques sur les écosystèmes.
Le voyage est une immersion totale dans la haute mer, grâce à l’omniprésence de l’eau réelle et virtuelle, à la magie de la lumière, aux effets sonores et à la structuration de l’espace.
Le public, spectateur et acteur
Baigné dans cette atmosphère de rêverie le spectateur/acteur vit une sensation unique de plongée parmi la faune aquatique depuis la surface jusqu’aux abysses, pour la haute mer.
La scénographie est aussi riche en contenus didactiques, elle intègre dans le parcours des points d’informations pour sensibiliser et informer les visiteurs. C’est aussi par l’imaginaire et l’émotion de la scénographie proposée qu’il nous semble possible de toucher la conscience des visiteurs et les impliquer dans le concept de la Blue Society, cœur des préoccupations de Nausicaá. C’est pour conserver ce rêve éveillé pendant la durée de la visite que nous proposons d’avoir les Forums à la fin de chaque parcours.
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Des espaces et des lieux dédiés aux jeunes publics
Des espaces et des attractions positionnés le long du parcours de visite sont spécialement dédiés aux jeunes publics et « interdits aux adultes », pour que chacun d’eux puisse vivre son aventure et puisse partager une part exclusive de sa visite.
Multimedias et high tech
Une scénographie et une muséographie novatrices
La proposition muséographique fait appel aux technologies high-tech en matière de multimédias et se projette dans le futur. Les dispositifs de médiations interactifs d’accompagnement ludo-pédagogique sont disposés le long du parcours pour les visiteurs qui souhaitent en savoir plus. Les éléments sur les médiations et les informations éducatives du parcours sont développés dans les fiches scénographiques.
Des parcours de visites aux géométries différentes
Afin de distinguer les parcours de visite, donner des ambiances uniques et apporter des repères distincts au public, les dessins des aménagements spatiaux sont différents. Tous les circuits de visite forment une boucle entrée/sortie. Le circuit en méandres, en courbes et en lacets pour l’aventure en haute mer s’inspire de la plongée. Faire vivre une plongée physique au visiteur de la surface aux abysses.
LE DESIGN SONORE DE NAUSICAA PAR MICHEL REDOLFI
Michel Redolfi est compositeur et designer son. Fondateur du concept de la musique subaquatique, il transpose cette expérience dans des installations sonores immersives adaptées aux espaces publics et transports de demain. Il est en charge de la conception sonore et musicale de Nausicaá depuis son ouverture en 1991.
Une mise en scène sonore inédite
La scénographie de Nausicaá tient une place inédite sur la scène mondiale des grands aquariums. Le design sonore s’intègre dans la scénographie du parcours de visite, au même titre que l’information scientifique et la présentation des collections vivantes. La musique est une orchestration de sons pensés pour épouser l’architecture intérieure du bâtiment, tout en enrichissant le parcours. Michel Redolfi conçoit ses installations dès le stade des plans avec les concepteurs de Nausicaá eux-mêmes : son directeur Philippe Vallette, l’architecte Jacques Rougerie et pour la haute mer, le scénographe Henri Rouvière. Les équipements de diffusion sont ainsi intégrés pendant la construction du bâtiment pour en exploiter au mieux les possibilités acoustiques, pour magnifier ses volumes.
La haute mer est un thème qui se décline forcément en grand format avec ses animaux géants, ses flux puissants et ses profondeurs vertigineuses. La haute mer offre une galaxie de sons réels et imaginaires que Michel Redolfi a créés avec l’équipe de son studio Audionaute. Les sensations sonores sont au rendez-vous, en grand format et souvent sensorielles, grâce à des dispositifs de diffusion très innovants. Mais pour ce nouveau parcours, il a fait appel également à la palette de l’orchestre, au piano même pour créer des touches lyriques sur le parcours.
Un siècle après sa disparition, Debussy reste sa référence affective pour l’évocation de la mer. Mais également la littérature et le cinéma d’anticipation sous-marine, de Jules Verne à James Cameron (Abyss). De ce mixage d’influences a émergé l’inspiration des musiques et atmosphères de la haute mer.
Capter le code sonore des cachalots
Cette musicalité dans le parcours didactique est souvent l’écrin qui présente de nombreux enregistrements originaux captés au-dessus et au-dessous des océans, révélant une audio-diversité étonnante. C’est dans l’océan Indien, que Michel Redolfi a pu capter l’étonnant code sonore du cachalot : au printemps 2017, avec le cinéaste René Heuzey, ils ont organisé une expédition de prises de son sous-marine au large de l’île Maurice pour enregistrer au plus près les mystérieux signaux des géants des mers, jusque-là jamais bien captés. Il a pu s’immerger en apnée au sein d’un groupe de cétacés et micro submersible en main, enregistrer pour la première fois leur langage littéralement extra-terrestre. Une expérience de « close contact » exceptionnelle qui a été intégrée dans la bande son du film 360° consacré à ces cachalots.
L’expérience des visiteurs
Michel Redolfi souhaite au final qu’ils vivent le design sonore comme la bande son d’un film au relief étonnant. Catalyseur émotionnel, le son se fond dans les autres expériences de la visite, qu’elles soient visuelles (éclairages et vidéos) ou inter-espèces (le face à face avec les poissons). Le design son, c’est la 4ème dimension, sensible et transparente de la visite. On se souviendra du passage magique d’une raie manta le long de son immense carreau, sans se rendre compte que l’atmosphère musicale est générée sur le vitrage même, donnant le sentiment que le son émane de l’eau.
Les systèmes sonores
Les systèmes sonores expérimentaux participent ainsi à la notion d’un son sensoriel qui sollicite le visiteur pleinement : projecteurs de son balayant tout l’espace du plancton pour essaimer des nuages de krill, banquette sensorielle pour flotter face aux mérous et surtout la salle de spectacle face au grand bassin immergeant les visiteurs dans une spatialisation sonore diffusée en 16 points puissants.
Au total, la haute mer c’est une haute technologie électroacoustique de près de 130 enceintes de toutes tailles diffusant 60 pistes sonores. Dans le nouveau vaisseau de Nausicaá, c’est la salle des machines du design sonore, le moteur de l’imaginaire auditif.