Programmes de conservation à Nausicaá

Au cours de votre découverte du site internet, vous avez pu lire à différentes reprises que Nausicaá participait à des programmes européens de conservation.

Mais qu’est-ce qu’un programme de conservation et à quoi sert-il ?

Voici quelques informations sur la conservation des espèces.

Qu’est-ce qu’un EEP ?

Un EEP est un programme de conservation des espèces défini au sein de l’EAZA qui est l’association européenne des zoos et aquariums.

Ce qui s’appelait EEP – EAZA Endangered-species Program est devenu EEP – Eaza Ex-situ program.

Des groupes consultatifs qu’on appelle TAG – Taxon Advisory Groups évaluent les besoins de conservation des espèces d’un même groupe (par exemple les élasmobranches qui comprend requins et raies) et déterminent le degré de conservation dont elles vont bénéficier. Ils reçoivent les conseils d’universitaires ou d’associations internationales de conservation sur les questions de nutrition, santé ou conservation.

Les TAG travaillent aussi à la production de guides de bonnes pratiques pour la gestion quotidienne des espèces : les objectifs génétiques, démographiques ainsi que les questions vétérinaires, de recherche, de collecte de données ou d’éducation y trouvent leur place.

Si, pour certaines espèces présentes au sein des établissements membres de l’EAZA, une simple surveillance de leur population suffit (les Monitoring programs), d’autres espèces bénéficient d’un programme plus avancé – l’EEP.

Dans les deux cas, les données collectées au sein des structures d’accueil de ces espèces sont partagées parmi les membres de l’EAZA.

A quoi sert un EEP ?

L’objectif d’un programme de conservation est la préservation d’une espèce présente chez les membres de l’EAZA.

Il vise principalement à maintenir une population saine d’un point de vue génétique et démographique au sein de ces établissements.

Pour atteindre cet objectif, il faut améliorer les connaissances sur l’espèce, réduire les prélèvements dans le milieu, envisager la création d’un conservatoire génétique avec toujours en ligne de mire une possible réintroduction dans le milieu naturel.

Le programme s’élabore sur la base des besoins spécifiques de l’espèce.

L’EAZA veille à ce que les espèces présentées dans les aquariums conservent leurs caractéristiques naturelles.

Un objectif de sensibilisation ?

La visibilité qu’offrent les aquariums et les zoos sur des espèces menacées permet une sensibilisation du public aux actions qui peuvent être menées in-situ auprès de ces mêmes espèces, c’est-à-dire sur le terrain par des associations.

Comment coordonne-t-on un EEP ?

La personne coordinatrice d’un EEP rassemble les données sur l’espèce concernée. Elles lui sont communiquées par les aquariums et zoos partenaires. Figurent dans ces données : les naissances, les morts, les captures, le suivi des animaux au gré des échanges entre institutions, le nombre de mâles et de femelles.

S’y ajoutent leur provenance, leur méthode d’élevage, les techniques de reproduction, leur statut reproductif et génétique.

C’est la personne coordinatrice qui recommande le transfert des jeunes d’une structure à l’autre afin que se fasse un brassage génétique qui évite la consanguinité.

Un objectif de reproduction ?

Qui dit conservation ne dit pas forcément reproduction !

La reproduction dans ces programmes est un plus, le but premier étant de gérer la population et de limiter la consanguinité.

Les jeunes nés dans le cadre de ces programmes sont répartis dans les autres établissements partenaires afin de maintenir une population génétiquement saine.

Les naissances sont toujours une satisfaction pour les équipes des zoos et aquariums. Elles reflètent une bonne santé des animaux et des conditions optimales des paramètres propices à la reproduction – températures, saisonnalité etc.

L’observation des cycles de reproduction sont une source de connaissances précieuses, autant au sein des établissements que pour les organisations qui travaillent in-situ, c’est-à-dire sur le terrain.

Quels sont les programmes de conservation auxquels Nausicaá participe ?

Nausicaá coordonne trois programmes.

Ils concernent la raie guitare commune (Rhinobatos EANA), la raie guitare fouisseuse (Glaucostegus cemiculus) et la raie pastenague pélagique (Pteroplatytrygon violacea), trois espèces de raies intégrées dans des MON-P Monitoring Program.

Nausicaá participe aussi aux programmes EEP consacrés au lion de mer (Zalophus californianus) et au manchot du Cap (Spheniscus demersus).

Nausicaá participe aux programmes concernant le requin cornu (Heterodontus francisci), le requin-zèbre (Stegostoma fasciatum), le requin gris (Carcharhinus plumbeus), la raie aigle (Aetobatus ocellatus), le gecko de Klemmer (Phelsuma klemmeri), d’un niveau moins impliquant appelé ESB-European StudBook. L’ESB suit la généalogie de chaque animal au sein d’une population gérée par les institutions membres de l’EAZA.

Connaitre l’identité génétique et démographique de la population est un outil précieux pour suivre et gérer chaque individu comme faisant partie d’une seule population ex situ.

Le requin nourrice (Ginglymostoma cirratum), le requin chabot ocellé (Hemiscyllium ocellatum), le requin taureau (Carcharias taurus), l’émissole tachetée (Mustelus asterias), la raie vermiculée Potamotrygon falkneri, la raie à ocelles (Potamotrygon motoro), la raie bouclée Raja clavata, la raie douce Raja montagui, le requin-léopard Triakis semifasciata, la grande roussette (Scyliorhinus stellaris) ont, quant à eux rejoint des MON-P ou Monitoring program encore moins contraignants que l’ESB.

L’exemple de la raie-guitare fouisseuse

La raie guitare se trouve en Méditerranée et sur la côte atlantique de l’Afrique. Elle est menacée par la destruction de son habitat naturel en Méditerranée (bétonnage des côtes) et par la surpêche.

La raie a intégré l’annexe II de la CITES depuis 2019, ce qui la protège de la pêche pour ses ailerons.

La présence en aquarium de raies guitares fouisseuses comme c’est le cas à Nausicaá améliore la connaissance scientifique sur ces animaux.

En effet, dans un aquarium, une observation longue est possible alors que dans le milieu naturel, les scientifiques ne peuvent faire qu’une observation ponctuelle (pêche sacrificielle, échographie, marquage avec recapture aléatoire).

 

(c) D Mallevoy

Plusieurs centaines de naissances ont lieu chaque année à Nausicaá !

Manchots, poissons, requins, les naissances sont régulières et sont une source de satisfaction pour l’équipe des biologistes.

Depuis 1991, l’équipe des biologistes de Nausicaá développe une expertise dans l’élevage et la reproduction, qui permet la préservation du milieu naturel. Les soigneurs et soigneuses de Nausicaá travaillent dans les réserves aquariologiques au bouturage du corail et à l’élevage des méduses. Ils collectent également les œufs des poissons du lagon tropical et du bassin de la haute mer.